Dyane Adam: sept années au service des langues officielles

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Publié 27/06/2006 par Marta Dolecki

Alors que les questions sur l’identité de son successeur restent en suspens, Dyane Adam quitte son poste de commissaire aux langues officielles avec le sentiment du devoir accompli.

Mme Adam se dit satisfaite d’un mandat qu’elle a tenté de remplir de son mieux. Au cours de ce septennat, elle n’a pas lésiné sur les moyens pour insuffler une dynamique nouvelle à sa fonction de commissaire.

D’un poste de «gardienne linguistique», chargée de veiller à la bonne application des lois, Mme Adam se sera appliquée à faire glisser son rôle, lentement mais sûrement,vers celui d’une «agente de changement», selon ses propres dires.

Le but avoué de la démarche: encourager les institutions fédérales à prendre les mesures proactives afin de favoriser l’épanouissement des minorités linguistiques au pays.

«Agente de changement»

«Lors de mon arrivée, il ne s’agissait pas tant de déplacer le rôle du commissaire que de l’enrichir, précise-t-elle en entrevue. L’idée a toujours été d’obliger les institutions, non seulement à éviter les reculs ou à défendre le statu quo, mais également à relever la barre en incluant toujours davantage la dualité linguistique dans leur culture organisationnelle, explique-t-elle. Ce qui aurait été décevant en fin de mandat, c’est d’avoir stagné, d’être resté au même point qu’il y a sept ans.»

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L’une des mesures qui réjouit la commissaire au moment de partir demeure l’adoption, en novembre dernier, du projet de loi S-3. À ses yeux, ce dernier représente «la pièce de résistance de ce septennat», a-t-elle déclaré, lors d’une conférence donnée au Club canadien, le mardi 20 juin dernier.

Le mandat de la commissaire, quant à lui, se termine officiellement le 31 juillet prochain. Déjà, plusieurs organismes étalent leurs inquiétudes au grand jour. Jusqu’à présent, aucun nouveau commissaire n’a encore été nommé pour succéder à Mme Adam.

Les spéculations vont bon train. Plusieurs noms, notamment celui de Graham Fraser, chroniqueur politique au Toronto Star, circulent comme une rumeur dans les sphères politiques. Cependant, à l’heure actuelle, le gouvernement fédéral n’a encore rien décidé.

Manque de suivi?

Le silence qui règne autour de la succession de Dyane Adam fait craindre à des organismes comme la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) un manque de suivi dans les dossiers relatifs aux langues officielles.

Certes, au début du mois de juin, la commissaire a laissé ses devoirs au gouvernement Harper lors du dépôt du septième et dernier rapport sur les langues officielles.

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Des priorités telles l’obligation pour le gouvernement fédéral de prendre des «mesures positives» afin de favoriser l’épanouissement des minorités linguistiques, avaient alors été clairement identifiées.

Mais que se passerait-il, si lors de la rentrée parlementaire de septembre, un nouveau commissaire fraîchement nommé n’avait pas eu le temps de se familiariser avec tous ces dossiers complexes?

Dans une moindre mesure, Mme Adam partage ces mêmes craintes. «C’est sûr qu’à ce stade, j’aimerais bien savoir qui va me remplacer, commente-t-elle. Cette attente est quelque peu déplorable, non seulement pour les communautés qui souhaitent passer à une nouvelle étape, mais également pour mon équipe, qui se retrouve dans une période d’incertitude», fait-elle savoir.

Entre amis, loin des préoccupations politiques

En attendant, au Club canadien de Toronto mardi dernier, Mme Adam avait l’air plutôt heureuse de retrouver d’anciennes connaissances venues la saluer après son discours. Des bribes de phrases, «agréable repos», «bonnes vacances», «repose-toi bien», ponctuées d’invitations à rester en contact, s’échappaient librement au détour d’une conversation. Des amis et collègues de travail contents de se retrouver après toutes ces années.

En 1999, Dyane Adam était encore principale au collège Glendon à Toronto. Arrivée en fin de mandat, elle s’apprêtait à prendre un long congé sabbatique. Elle n’en aura pas eu le temps.

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Sa nomination aux langues officielles s’est faite en deux temps, trois mouvements, à la fin de l’année 1999.

Sept années à monter la garde

Une fois entrée en fonction, la nouvelle commissaire n’a pas hésité à tirer les bretelles du gouvernement Chrétien, lui rappelant au passage ses obligations en matière de dualité linguistique.

Cette première conscientisation a débouché, en 2001, sur la nomination d’une ministre responsable des langues officielles et, plus tard, en 2003, sur l’adoption du Plan d’action sur les langues officielles.

Les gouvernements se sont succédé les uns aux autres et avec eux, Mme Adam a vu défiler les différents ministres, comités parlementaires, conseillers et autres acteurs peuplant l’arène politique.

Sept années passées à défendre les langues officielles: l’expérience laisse des traces, inévitablement. «J’ai désormais plus que jamais les langues officielles bien tatouées sur le front et le cœur», laisse échapper Mme Adam à ce propos.

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Prôner pendant toutes ces années une dualité linguistique perçue par certains comme simple énoncé de principes n’a pas toujours été facile. «Souvent, je pouvais sentir des ministres se demander:  »mais qu’est-ce que la commissaire va nous annoncer? »,  »qu’est-ce qu’on a fait de mal encore? », de raconter Mme Adam. Je crois que, pour faire ce métier, il est nécessaire de posséder quelques traits de caractère enracinés en soi, continue-t-elle. Il faut véritablement avoir la foi, croire dans ce projet canadien qu’est la dualité linguistique et, en même temps, faire preuve de persévérance et de ténacité.»

Après être montée aux barricades pendant toutes ces années, Mme Adam peut finalement s’accorder un repos bien mérité. Au fil des ans, elle a gagné le respect des communautés francophones et des politiciens qui ont tous vu en elle une excellente commissaire.

C’est maintenant au tour du successeur de Mme Adam de faire bonne impression. Et le défi est de taille. Il lui revient, entre autres, de poser les pierres de voûte d’un nouveau projet de société: celui-là même qui renforcera l’application des obligations contenues dans le projet de loi S-3.

Mais là encore, chacun le sait bien, sur le terrain fragile de la dualité linguistique, un long chemin reste à parcourir avant de parvenir au respect total des deux langues officielles au pays.

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