Le 11 septembre 2011 marque le dixième anniversaire de l’un des événements les plus impressionnants dont ma génération et celle de mes parents auront été témoin, après la chute du mur de Berlin (1989), Neil Armstrong sur la Lune (1969) et la fin de la Deuxième Guerre mondiale (1944-45). La mort cet été du chef d’al-Qaïda, Oussama ben Laden, exécuté par des soldats américains lors d’un assaut contre sa maison découverte au Pakistan, est venue clore ce chapitre qui n’en finissait plus de finir.
Il serait exagéré de comparer les périodes pré- et post-11 septembre à celles de l’Amérique pré- et post-colombienne. Aussi spectaculaire fut-il, le quadruple attentat-suicide contre les deux tours du World Trade Center, le Pentagone et (suppose-t-on) le Capitole ou la Maison Blanche, qui a fait 2977 victimes, n’était pas le premier d’al-Qaïda, qui n’était alors que l’une des manifestations de l’engeance anti-américaine/anti-occidentale aux motivations les plus diverses que l’on retrouve sous toutes les latitudes depuis un demi-siècle.
Il est naïf de prétendre que l’administration du président George W. Bush aurait dû comprendre ce qui se tramait et aurait pu empêcher l’attaque. Les services de renseignement traitaient déjà trop d’informations pour que l’inscription de quelques Saoudiens à des cours de pilotage puisse alarmer qui que ce soit. On a aussi un peu trop facilement blâmé Bill Clinton de ne pas avoir tout fait pour traquer et détruire al-Qaïda pendant son mandat.
Selon divers sondages, une frange appréciable de la population croit que Washington et/ou Jérusalem auraient lassé faire les attentats ou les auraient carrément orchestrés afin de discréditer les musulmans, mâter les ennemis d’Israël et justifier une invasion du Moyen-Orient et la mainmise sur le pétrole. Toronto accueillait en fin de semaine dernière une conférence internationale de ces «truthers».
L’expression «depuis le 11 septembre», entendue ad nauseam dans les discours et les commentaires, a bel et bien justifié une formidable expansion des pouvoirs policiers aux États-Unis et ailleurs, une surveillance et un contrôle plus serrés des conversations et des déplacements des citoyens… sans qu’on se sente vraiment plus en sécurité.