Diversité culturelle au Canada: manque de vision

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Publié 08/04/2008 par Annik Chalifour

Du 3 au 7 mars 2008, Radio Canada présentait une série de reportages sur la diversité culturelle à Toronto. Plusieurs individus provenant de divers milieux académiques et sociaux ont eu l’opportunité d’exprimer leur point de vue sur la question de l’harmonie sociale à Toronto. Par contre on a très peu parlé de la vision du pays quant à l’inclusion des immigrants, et aux ajustements nécessaires de nos politiques sur l’immigration et le multiculturalisme mises au défi par le contexte de l’immigration qui a drastiquement changé au cours des 30 dernières années…

Le Canada est historiquement et légalement un pays d’accueil d’immigrants. La diversité culturelle a toujours fait partie intrinsèque du développement social et économique du pays. Pourtant aujourd’hui cette diversité semble apparaître comme un phénomène nouveau.

En effet au cours de ces dernières décennies, un choc interculturel s’est profondément installé dans toutes les sphères de notre société. Une multitude de nouveaux immigrants diplômés universitaires de partout dans le monde se retrouvent sans emploi; des centaines d’élèves et leurs familles nouveaux arrivants de tous les continents ont peine à s’intégrer à notre système d’éducation.

Avons-nous sous-estimé l’impact des événements mondiaux (changements climatiques, désastres, guerres, terrorisme, etc.) sans oublier la croissance vertigineuse du commerce international sur les mouvements des populations qui influence et continuera d’influencer la provenance des immigrants? Pouvons-nous concrètement réaliser les intentions de la loi sur le multiculturalisme en fonction de la réalité actuelle et future de l’immigration, tout en maintenant le cap sur le bien-être social et économique du pays?

Le renouvellement de nos politiques pourrait émerger, entre autres, à partir de trois thèmes conducteurs visant la concrétisation d’un multiculturalisme inclusif: L’apprentissage interculturel; l’établissement d’une éducation actualisée à la diversité; la pratique renouvelée de la gestion des nouvelles ressources humaines qui arrivent au Canada.

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Le gouvernement canadien dispose du Centre d’Apprentissage Interculturel (CIL) rattaché au Ministère des Affaires Extérieures dont le mandat inclut entre autres de former les Canadiens qui partent travailler hors du pays.

Cette formation porte essentiellement sur la gestion et la communication dans un contexte de travail international. En fait nous avons également besoin de développer des aptitudes similaires au Canada afin de pouvoir gérer et communiquer efficacement dans un contexte national devenant de plus en plus culturellement divers.

La création d’un CIL à caractère national pourrait être envisagée afin d’offrir des ressources éducatives adaptées au contexte interculturel dans lequel notre société évolue. Les besoins en formation interculturelle au Canada sont criants tant au gouvernement que dans les institutions académiques; le milieu des affaires; et les organismes communautaires.

Des programmes cadres axés sur l’éducation à la citoyenneté sont présentement offerts dans nos écoles. Or ces programmes tiennent-ils compte de la diversité culturelle accrue dans les classes?

Nos enseignants sont-ils habilités à enseigner dans un contexte interculturel arrimant la diversité culturelle et l’identité nationale? Les curriculums de nos cours d’éducation à la citoyenneté pourraient être révisés afin d’inclure l’acquisition par les enseignants et les élèves des compétences culturelles essentielles pour vivre et travailler efficacement dans le contexte interculturel de la société canadienne, et de la mondialisation.

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Les compétences culturelles essentielles incluent, entre autres, la compréhension des notions de l’identité culturelle; de l’identité nationale; des constructions sociales; des caractéristiques culturelles de communication; et la résolution de conflit dans un contexte interculturel. Comprendre que nous sommes tous différents et semblables à la fois. Apprécier nos différences tout en sachant nos similitudes. C’est la voie vers le développement d’une solidarité indispensable au sein d’une société que nous déclarons multiculturelle.

La gestion du développement des ressources humaines au Canada est au cœur de nos préoccupations sociales et économiques. Par contre nos gestionnaires des ressources humaines, nos recruteurs, et nos formateurs sont-ils aptes à exécuter leurs tâches en tenant compte de l’apport positif des habilités diverses des immigrants? Existe-t-il des politiques de diversité et d’inclusion dans tous les milieux de travail? L’objectif du développement durable des ressources humaines anciennes et nouvelles au Canada pourrait susciter la mise en œuvre d’un programme de reconnaissance formelle des compétences culturelles comme un atout stratégique pour accéder au marché du travail.

À cela devraient s’ajouter des possibilités de stages pratiques d’apprentissages auprès des employeurs potentiels pour tous les immigrants détenant des diplômes universitaires et techniques reliés aux domaines où le Canada a besoin de personnel. Le temps de la tolérance et de l’intégration est révolu, il faut maintenant passer à l’étape de l’inclusion pour le développement durable du pays, et pour l’avancement de nos relations sociales, politiques et économiques avec le monde.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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