Disparition d’une langue minoritaire: le gaélique

«Des leçons à tirer de l’histoire»

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Publié 01/12/2009 par Guillaume Garcia

On a tué des langues par peur de se faire anéantir. Voilà l’explication avancée par Robert McDonald, un Canadien d’origine écossaise qui se bat pour que le gaélique ne sombre pas dans les ténèbres de l’histoire. Langue des rois d’Écosse, des princes Irlandais, le gaélique a perdu la bataille contre l’anglais et n’est même plus la langue usuelle du gouvernement en Irlande.

Le gaélique, langue ancestrale des Irlandais, celle qui est à l’origine de l’étymologie du mot Whisky. Rien que pour ça cette langue ne devrait pas avoir à se battre pour sa survie. Pour la petite histoire, whisky vient de uisce beatha, qui veut dire en gaélique irlandais, «water of life», la classe.

Donc, comment un peuple qui a inventé le whisky a fini par perdre sa langue. Et bien, pas de secret, c’est encore à cause des anglais. Né en Irlande, le gaélique se diffuse en Écosse avec l’implantation d’Irlandais, appelés les scotties par les romains.

Avec la conquête anglaise de l’Irlande, la guerre contre l’Écosse, le gaélique s’est retrouvé avec de moins en moins d’appui politique. L’usage du gaélique était banni par les anglais qui ont fait «une campagne d’épuration ethnique de cette langue», explique Robert McDonald, qui donnait une conférence intitulée Le Gaélique, langue sans état, 
peuple sans pays, à l’Alliance française de Toronto mercredi dernier.

Dernière étape de cette douloureuse histoire, la grande famine qui a violemment éclaté en Irlande en 1845. Les Irlandais catholiques qui parlaient gaélique, représentaient la part pauvre de la population et ont donc fui la misère en s’exilant vers des pays anglophones (Canada, États-Unis…) Savoir que ses parents, ses grands-parents parlaient une autre langue que l’anglais reste un sentiment de honte pour la population d’origine irlandaise ou écossaise.

Robert McDonald insiste sur le fait que le sujet soit tabou dans beaucoup de familles voulant oublier cette période où ils étaient méprisés pour parler le gaélique.

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En Irlande, depuis l’indépendance, le gaélique est considéré comme langue officielle et enseigné à l’école, mais l’anglais reste la langue la plus couramment utilisée. Robert McDonald ne parle pas gaélique, il l’apprend en ce moment, mais refuse la version que nous servent les livres d’histoire quant au gaélique. «L’histoire sert à justifier le présent, ou un avenir souhaité», avance-t-il.

Les anthropologues disent que pour qu’une langue survive, il faut rencontrer trois facteurs: la population qui parle cette langue – le nombre – les institutions qui soutiennent cette langue – comme l’église, un État – et la légitimité de la langue sur le plan international. Aujourd’hui, 60 000 Écossais parlent encore le gaélique et près de 1,5 millions en Irlande, même si ce n’est pas forcément la langue usitée dans la vie de tous les jours.

Robert McDonald fait la parallèle avec le français au Canada qui, selon lui, n’est pas dans une situation si mauvaise qu’on peut le laisser entendre. Les francophones ont longtemps représenté une grosse part de la population et bénéficiaient du soutien de l’église catholique.

Selon Robert McDonald, les Irlandais et Écossais seraient plus à même de comprendre le combat des francophones au Canada du fait de leur histoire commune de défense de leur langue.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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