Destitution de Rob Ford: une intervention de la province s’impose

Et une cure de désintoxication

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Publié 05/11/2013 par Radio-Canada

Après la diffusion, jeudi, par le Toronto Star, d’une une vidéo dans laquelle le maire Rob Ford agit de façon exubérante et profère des menaces, plusieurs de ses proches, incluant maintenant son frère Doug, lui demande de trouver de l’aide et de subir une cure de désintoxication.

Interwiewée par la chaîne CP24, sa mère, Diane Ford, s’est toutefois portée à sa défense, affirmant que son «Robbie» devait se «prendre en main» et obtenir l’aide d’un psychologue. Mais selon elle, il n’a pas besoin de se retirer, même temporairement, de ses fonctions, estimant que le plus gros problème de son fils, «c’est son poids».

L’avocat du maire de Toronto confirme que son client songe à subir une cure de désintoxication. Mais Me Dennis Morris précise qu’il ne s’agit que de l’une des possibilités que Rob Ford envisageait.

Pour sa part, le maire Ford n’a pas parlé aux journalistes vendredi. Mais il était suivi par des dizaines de caméras, lorsqu’il s’est fait vacciner contre la grippe en après-midi à l’hôtel de ville.

Le maire s’est encore excusé pour son comportement révélé dans la nouvelle vidéo, et Doug Ford a qualifié les agissements de son frère d’«inacceptables», mais il a nié que le maire soit en état de «déni» relativement à sa consommation d’alcool ou de drogue. «Il ne se saoule pas la gueule tous les soirs», a-t-il assuré.

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De son côté, la station de radio privée NewsTalk1010 a annulé l’émission hebdomadaire de Rob et Doug Ford. Selon la direction de la station, la décision a été prise d’un commun accord.

Pendant ce temps, les avocats des médias ont demandé à un juge, vendredi, de rendre publics des documents supplémentaires relativement aux accusations de trafic de drogue et d’extorsion déposées contre un ami du maire, Alessandro Lisi.

Intervention de la province?

Une intervention extraordinaire de la province s’impose maintenant pour destituer le maire Rob Ford de ses fonctions, estime le conseiller municipal et membre du Comité exécutif Denzil Minnan-Wong, selon ce que rapportait Radio-Canada jeudi.

Le gouvernement provincial a refusé de se mouiller jusqu’à maintenant, affirmant qu’il faudrait modifier la loi pour destituer un maire qui, bien qu’il eut admis avoir fumé du crack, n’a pas été accusé de quoi que ce soit devant les tribunaux. Les Libéraux ontariens, qui sont minoritaires, hésitent à se mettre à dos les partisans de M. Ford, alors que des élections provinciales pourraient être déclenchées à tout moment.
 
Toutefois, si le maire «ne trouve pas la sortie, je pense qu’on doit la lui montrer», a déclaré M. Minnan-Wiong.

Ce conseiller avait initialement enjoint le maire à quitter son poste temporairement, le temps d’obtenir de l’aide. Mais il a décidé de renforcer la motion qu’il présentera devant le conseil municipal la semaine prochaine, notamment en raison de rumeurs quant à l’existence d’une troisième vidéo montrant le maire dans un état second, en plus des deux extraits vidéo possédés par la police.

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De son côté, le maire adjoint Norm Kelly a pressé Rob Ford de prendre une pause, mais il a affirmé qu’il «n’acceptera jamais de quémander l’aide de la province pour régler nos problèmes». Selon lui, ce serait un mauvais précédent pour l’autonomie des municipaliltés ontariennes. 

Plus tôt jeudi, M. Kelly avait raconté à la CBC qu’il était «frustré» du fait que le maire n’écoutait pas les conseils de ses alliés de subir une cure de désintoxication. Il a aussi indiqué plus tôt cette semaine qu’il appuierait une motion visant à restreindre les pouvoirs de M. Ford, lors de la réunion du conseil la semaine prochaine. Selon cette motion, le maire perdrait le pouvoir de le remplacer ainsi que les présidents des différents comités municipaux.

Une tuile pour les Conservateurs

 
Pour sa part, le ministre fédéral des Finances Jim Flaherty, un ami de la famille Ford, commentait publiquement les aveux du maire pour la première fois, jeudi matin. «Sa famille l’aide et espère qu’il ira mieux», a-t-il dit, retenant ses larmes, sans vouloir donner plus de détails. 

Au sujet d’une démission possdible de Rob Ford, M. Flaherty, a affirmé que le maire de Toronto devait «prendre sa propre décision». En septembre, les deux hommes étaient tout sourire, alors que M. Flaherty promettait 660 millions $ à la Ville pour le prolongement du métro de trois stations vers Scarborough, un projet cher à Rob Ford.

Mercredi, au lendemain de son aveu selon lequel il avait déjà fumé du crack, le maire de Toronto Rob Ford est rentré à son bureau à l’hôtel de ville par une porte arrière, ignorant les dizaines de journalistes qui l’attendaient.

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Ce jour-là, le chef conservateur ontarien Tim Hudak avait enjoint Rob Ford à quitter son poste, du moins temporairement. M. Hudak dit que le maire doit d’abord penser à sa famille et à se refaire une santé.

Avec son aveu, le maire dit qu’il s’est libéré d’un poids de 1000 livres qu’il avait sur les épaules.

Rob Ford a dit qu’il resterait à la tête de la Ville pour continuer à «défendre les contribuables», répétant le slogan de sa dernière campagne électorale. Il a ajouté qu’il reviendrait aux électeurs de décider l’an prochain (octobre 2014) s’il mérite un deuxième mandat.

Mais même des alliés pensent que c’est impossible.

Tempête politique

Pour sa part, la présidente de la Commission des transports et candidate à la mairie, Karen Stintz, a commenté que «le maire Ford a trahi la ville, même ses partisans», mais elle a incité ses collègues du Conseil à se concentrer sur les affaires municipales.

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Le ministre fédéral de la Justice, Peter MacKay, a affirmé, mardi, qu’il s’agissait d’un «jour triste pour Toronto», refusant de se mouiller quant à la démission du maire d’allégeance conservatrice. Mais il l’a invité lui aussi à «obtenir de l’aide».

La première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, se dit préoccupée par la situation à l’Hôtel de Ville, mais elle n’a pas voulu dire si Rob Ford se devait maintenant de tirer sa révérence. «C’est difficile pour la Ville de fonctionner», s’est-elle contentée de répondre.

M. Ford n’a qu’une voix sur 45 lors de votes au Conseil municipal, mais c’est généralement le Comité exécutif qui en détermine l’agenda. Le maire s’est retrouvé isolé au Conseil plusieurs fois au cours des derniers mois, notamment en ce qui concerne le transport en commun.

Or, depuis son aveu mardi, seul son frère et conseiller municipal d’Etobicoke, Doug Ford, est apparu à ses côtés en public.   

Pas encore d’accusations

La semaine dernière, des documents judiciaires avaient révélé une série de rencontres suspectes au cours des derniers mois entre le maire et son chauffeur occasionnel Alessandro Lisi, accusé de trafic de marijuana et d’extortion, alors que les deux hommes étaient sous surveillance policière. Le maire continue à refuser de parler à la police.

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Le Conseil municipal ne peut pas destituer Rob Ford. Selon la loi provinciale, il faudrait que le maire soit reconnu coupable d’un crime pour qu’il soit forcé de quitter son poste.

Le procureur général de l’Ontario, John Gerretsen, indique que c’est à la police de décider si des accusations seront déposées ou non. La police n’a pas voulu commenter la confession du maire Ford au sujet de sa consommation d’une substance illégale, se contentant de répondre que ces renseignements seraient «remis aux enquêteurs».

Quand verra-t-on la vidéo?

Le maire Ford demande à la police de rendre publics les extraits vidéo en sa possession qui «corroborent», selon le chef de police, les images d’une vidéo vue en mai dernier par des journalistes du Toronto Star et du site américain Gawker

L’avocat d’un homme photographié aux côtés de M. Ford à l’extérieur d’une présumée fumerie de drogue, et qui a été arrêté lors d’une opération policière, demande lui aussi aux tribunaux de divulguer l’enregistrement.

Jusqu’à maintenant, la police a affirmé qu’il revenait à la cour de décider quand serait dévoilée la bande, puisqu’il pourrait s’agir d’un élément de preuve dans le cadre du procès d’Alessandro Lisi.

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Par ailleurs, le président de la Commission des services de police a précisé, mercredi matin, que les membres de la Commission ne verraient pas la vidéo cette semaine à huis clos, contrairement à ce qu’il avait laissé entendre.

La pire journée de sa vie

De son côté, Doug Ford a raconté au Toronto Sun que la journée de mardi était le «pire jour de sa vie». Il assure qu’il n’était pas au courant que le maire allait passer aux aveux, après des mois de déni.

Mardi matin, il avait multiplié les interviews, accusant le chef de police de ne pas être impartial et demandant qu’il quitte ses fonctions, du moins temporairement. Il veut porter plainte contre le chef Bill Blair auprès du Bureau du directeur indépendant de l’examen de la police. Selon lui, M.Blair est «le chef de police le plus politisé que nous ayons eu», ayant «un parti pris contre le maire».

La consommation de crack du maire Rob Ford et son refus de démissionner ont fait les manchettes un peu partout dans le monde.

Trop ivre pour se souvenir

C’est donc mardi midi, après avoir esquivé la question pendant des mois, que le maire de Toronto, Rob Ford, a admis qu’il avait déjà fumé du crack. Il a précisé qu’il avait inhalé ce dérivé de la cocaïne à une reprise il y a environ un an, sans préciser s’il s’agissait de la seule et unique occasion.

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On présume qu’il s’agit du moment qui a été immortalisé sur la fameuse vidéo, au moyen d’un téléphone, par les trafiquants avec qui le maire faisait la fête.

Le maire Ford a raconté qu’il était ivre à l’époque et qu’il ne se rappelait pas des détails entourant ce jour fatidique. «Je peux seulement m’excuser maintenant et tourner la page», a-t-il ajouté.

Il a aussi soutenu qu’il ne se rappelait pas qu’une vidéo avait été filmée, réclamant à nouveau que les extraits vidéo en possession de la police soient rendues publiques. Dans le passé, il a toujours nié l’existence d’une telle vidéo. Il maintenait qu’il «ne prend pas de crack».

Dimanche, le maire s’était excusé, lors de son émission hebdomadaire à la radio, quant à ses «erreurs», relativement à au moins deux événements publics durant lesquels il était éméché. Mais il a nié avoir un problème de dépendance à la drogue, ni d’ailleurs à l’alcool.

Auteur

  • Radio-Canada

    Radio-Canada est le plus ancien service public de diffusion du Canada, créé le 2 novembre 1936, devenu le principal réseau national d'information radio, télévision et internet.

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