Des verbes au singulier ou au pluriel?

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 02/07/2013 par Martin Francoeur

Les noms collectifs, vous connaissez? Bien sûr que vous connaissez. Ce sont ces mots qui provoquent inévitablement une hésitation sur l’accord du verbe lorsqu’on les emploie comme sujet. Et je suis à peu près convaincu qu’on a tous eu cette hésitation un jour ou l’autre.

Un nom collectif, c’est en fait un nom singulier qui représente un ensemble d’éléments: un groupe, une poignée, une centaine, une horde, un peloton, etc. Là où ça devient problématique, c’est lorsque vient le temps d’accorder le verbe qui suit le nom collectif en question.

La plupart des grammaires nous disent que l’accord du verbe qui a pour sujet un nom collectif se fait soit avec le collectif, soit avec son complément, selon le sens ou l’intention quant à l’état ou l’action indiquée par le verbe.

Accorder selon l’intention

Cette nuance est importante, car elle fait implicitement référence à l’idée que souhaite exprimer l’auteur. En clair, il n’y a pas vraiment de faute, mais encore faut-il que le verbe soit accordé selon l’idée que souhaite exprimer l’auteur de la phrase.

C’est toujours beaucoup plus clair avec des exemples. On pourrait aussi bien dire: «Un groupe de paroissiens s’est présenté à l’église pour la grande corvée annuelle…» ou encore «Un groupe de paroissiens se sont présentés à l’église pour la grande corvée annuelle…»

Publicité

Les deux accords sont possibles, selon que l’auteur veuille insister sur le fait qu’il s’agissait, peut-être, d’un groupe bien organisé et mobilisé, par exemple, ou encore de plusieurs personnes qui se sont présentées et qui ont créé un effet de masse.

Des trucs

Il existe certains trucs pour faciliter le choix du singulier ou du pluriel. Certains auteurs disent que si le collectif est précédé d’un article défini, d’un adjectif possessif ou d’un adjectif démonstratif, l’accord se fait généralement avec le collectif au singulier.

Après un collectif introduit par un ou par une, l’accord se fait le plus souvent avec le complément et le verbe prend donc la marque du pluriel. On écrirait donc: «La série de victoires s’est arrêtée à quatre» ou «Ce groupe d’élèves nécessite une attention particulière».

De la même façon, et toujours suivant le raisonnement ci-dessus, on écrirait plus raisonnablement : «Une centaine de personnes seront consultées.» On consulte bien davantage les personnes que la centaine…

Mais les règles concernant l’accord des verbes précédés d’un nom collectif sont flottantes. Des tendances se dégagent toutefois et il existe certainement quelques consensus.

Publicité

La majorité ou une majorité

Les auteures du Français au bureau, Noëlle Guilloton et Hélène Cajolet-Laganière, nous disent par ailleurs qu’avec la majorité de ou la totalité de, le verbe se met généralement au singulier. Comme dans «La grande majorité des personnes présentes ont voté contre le projet.»

Avec des expressions comme une majorité de, une quantité de ou quantité de, l’accord se fait au pluriel, avec le complément. On écrira donc: «Une grande quantité de demandes nous sont parvenues.» Il en va de même (accord avec le complément) pour les verbes introduits par la majeure partie de ou la majeure partie des.

Après les collectifs la plupart des, beaucoup de, bien des, une infinité de, trop de, combien de, tant de ou nombre de, l’accord du verbe se fait avec le complément, qu’il soit exprimé ou sous-entendu.

S’il est exprimé, ça ne pose pas problème: «La plupart des élèves ont réussi les examens de fin d’année.» Et quand il n’y a pas de complément qui précède le verbe, il suffit de déduire l’ellipse : «Les élèves ont repris le chemin de la maison pour les vacances d’été. La plupart ont réussi leurs examens de fin d’année.»

Les dossiers ou la pile

Évidemment, les noms exprimant une quantité peuvent être nombreux, mais il faut se rappeler que les règles sont les mêmes et, surtout, qu’il faut tenir compte du sens et de l’intention.

Publicité

Deux exemples donnés par les auteures du Français au bureau sont particulièrement intéressants: «La pile de dossiers qu’il a transportée…» mais «La pile de dossiers qu’il a consultés…». On se doute qu’il a dû faire un effort pour transporter une pile de dossiers, mais qu’il a consulté chacun de ces dossiers et non pas la pile.

Vous ou nous

Enfin, il reste le problème des expressions dans lesquelles le collectif ou l’expression exprimant la quantité a pour complément un pronom personnel comme vous et nous. Le verbe se met «presque toujours» à la troisième personne du pluriel.

L’exemple rend la règle plus facile à comprendre: «Beaucoup d’entre vous devront reprendre l’examen» ou «La plupart d’entre nous ont contribué au cadeau qui lui a été offert».

Mais on fait remarquer que si l’auteur souhaite s’inclure dans le groupe en question, alors le verbe peut se mettre à la première personne du pluriel: «La plupart d’entre nous avons contribué au cadeau…».

On dirait que lorsqu’il n’y a pas de règle stricte, il est plus facile de saisir les nuances par le biais des exemples. Il y en aurait encore plein à donner, assurément. Mais qu’on retienne avant tout la notion d’intention que souhaite exprimer l’auteur. Et on aura déjà un bon pas de fait dans la compréhension et dans l’utilisation du bon accord!

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur