Mardi dernier dans la galerie Pierre Léon de l’Alliance française de Toronto était présenté le documentaire Les Bas-Fonds de la réalisatrice suisse Denise Gilliand. Ce film retrace l’histoire de la pièce Les Bas Fonds, de Maxime Gorki, mise en scène par Serge Sandor et jouée par des comédiens particuliers, ils étaient en effet tous des sans-abris. Le résultat est bluffant, le public du théâtre Chaillot estomaqué et les comédiens réjouis. Une bien belle aventure.
Fin des années 90, Serge Sandor décide d’aller frapper à la porte de centres sociaux dans Paris, pour proposer ses services et monter des ateliers de théâtre. Il forme une troupe et propose le texte quasi-littéral de la pièce Les bas fonds de Gorki.
Tous les sans-abris, femmes battues, etc qui veulent faire partie du projet sont acceptés. De l’anglais désargenté au pilier de bar du coin, Serge Sandor accueille des gens de toutes origines, cassés par la vie, mais motivés à l’idée de faire du théâtre. S’ils savent qu’ils ne trouveront pas spécialement de travail après ce stage, beaucoup ont envie, et besoin d’exprimer leurs émotions, de réapprendre à communiquer et de retrouver une routine.
Les plus bourrus tombent vite leur masque et c’est dans la bonne humeur que tous commencent à travailler, au rythme d’une rencontre par semaine. La réalisatrice filme ces heures de travail et partage également des scènes de vie de plusieurs membres de la troupe, lorsqu’ils rentrent «chez eux», que ce soit au centre d’accueil, ou dans la nature.
Le projet avance rapidement, lors des répétitions Serge Sandor semble confiant, même s’il sait qu’il perdra certainement quelques acteurs avant la fin. Cela se passe d’ailleurs assez rapidement avec un homme qui vient tout de même souhaiter bonne chance à la troupe, mais indique qu’il a besoin de mendier pour vivre et n’a donc pas le temps de rester. Entrer dans le monde des sans-abris et personnes en détresse ne vient pas sans son lot de surprises.