Dans les pays communistes où tout était contrôlé, il fallait demander un permis pour acheter une machine à écrire ou un poste de radio, démarches qui alimentaient des Registres d’appareils (et bien sûr d’individus) potentiellement subversifs. Le gouvernement tenait à savoir qui pouvait s’informer à des sources non officielles et diffuser des opinions non autorisées.
C’est de là, entre autres, que vient l’hostilité des Conservateurs envers le Registre des armes d’épaule qui a survécu, le 22 septembre, à un vote serré au Parlement.
Après tout, les armes à feu peuvent représenter pour les citoyens un (ultime) moyen de se défendre contre un éventuel gouvernement totalitaire. Et qui peut nier qu’au Canada, comme dans le reste du monde occidental, nos libertés de commerce et d’expression s’effritent, malgré la rare apparition, de temps en temps, de dirigeants politiques réellement intéressés à réduire la bureaucratie, la réglementation et les impôts?
C’est de là aussi que vient la maladresse des Conservateurs dans le dossier du recensement détaillé obligatoire (leur version sera facultative, envoyée à un plus grand nombre, mais coûtera plus cher!), vu comme une autre intrusion de l’État dans la vie privée des gens, même si la grande majorité de ces «gens», eux, ont des problèmes plus pressants à régler.
Curieusement, les Conservateurs ne font rien contre une intrusion bien plus fréquente et insolente: les contrôles douaniers au retour d’un voyage à l’extérieur du pays. On comprend les scanneurs à bagages et corporels à l’embarquement, mais pas le maudit interrogatoire sur le nombre de bouteilles de vin ou de gadgets achetés à l’étranger ou encore les sommes d’argent gagnées au casino. Les Conservateurs sont censés appuyer le libre-échange: qu’ils nous débarrassent de ces douaniers!