Des parents réagissent au Rapport Boileau sur les écoles françaises

«Toronto demande une attention particulière»

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Publié 12/07/2011 par Annik Chalifour

Suite à la récente publication du rapport du commissaire aux services en français sur les écoles de langue française de Toronto, L’Express a tenté d’obtenir les réactions de parents de nos deux conseils scolaires. Voici les commentaires d’Hélène Cyr du côté public (Viamonde) et d’Anne Godbout au catholique (CSDCCS). Nous invitons les parents des deux conseils à nous faire parvenir leurs commentaires que nous pourrons publier dans le Forum de L’Express et/ou en annexes aux reportages dans www.lexpress.to

Rappelons que Mmes Cyr et Godbout faisaient partie des groupes de parents ayant respectivement déposé devant l’Assemblée législative, les 16 et 31 mai derniers, deux pétitions pour acquérir de nouvelles écoles de langue française à Toronto.

Hélène Cyr, membre du conseil de parents à l’école élémentaire Gabrielle-Roy, est l’une des instigatrices du mouvement de mobilisation au Conseil scolaire public Viamonde

Anne Godbout fait partie du comité de parents de l’école élémentaire Georges-Étienne Cartier du Conseil scolaire de district catholique Centre-Sud, qui vise l’obtention d’une école secondaire dans l’est de Toronto.

«En fait la population francophone de Toronto a besoin d’une dizaine d’écoles de plus depuis au moins cinq ans», selon les chiffres sur lesquels s’appuie le récent rapport du commissaire provincial aux services en français, François Boileau, qui réfère au recensement 2006 (Statistiques Canada), a fait remarquer Anne Godbout, mère de deux enfants qui fréquentent l’école George-Étienne Cartier surpeuplée, dans les Beaches.

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«On va devoir patienter encore combien de temps avant que le ministère assume ses responsabilités vis-à-vis des familles francophones de Toronto qui ont droit à l’éducation en français?»

«Cela fait des années qu’on attend une école secondaire dans l’est et il n’y a toujours rien de concret. Et cela prendra encore combien de temps avant que le ministère termine sa réflexion et révise le fameux règlement 444/98 tel que demandé dans le rapport?»

«On se plaint que les jeunes francophones se redirigent vers le système anglophone au secondaire. Mais a-t-on le choix? Les distances deviennent tellement longues à parcourir pour se rendre de la maison à l’école secondaire, que les jeunes et leurs parents se découragent.»

«La seule option actuelle, pour assurer que mes enfants puissent poursuivre leurs études secondaires en français en milieu catholique, est de les envoyer à l’école Mgr-de-Charbonnel au nord-ouest de la ville, alors que nous habitons les Beaches», a-t-elle souligné. «Cela ne fait aucun sens!»

Non à l’assimilation

Rappelons que nos deux conseils scolaires ont accepté récemment la proposition de la ministre de l’Éducation, Leona Dombrowsky, d’acquérir conjointement du TDSB le West Toronto Collegiate (450 places chacun) dans le quartier Dundas ouest et Lansdowne.

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«La proposition du partage du West Toronto Collegiate ne nous touche pas», dit Mme Godbout. «Alors que la population francophone dans l’est continue de s’accroître comme celle dans l’ouest de Toronto depuis plusieurs années et que nous souffrons toujours durement du manque d’une école secondaire.»

«Nous allons poursuivre nos démarches pour obtenir plus d’écoles secondaires francophones dans l’est!», a réaffirmé Mme Godbout.

Plus de pouvoirs au ministère

Selon les deux dames, le rapport Boileau (28 juin) explique bien le problème majeur des règles de transfert des immobilisations entre les conseils scolaires.

Mmes Cyr et Godbout estiment que le ministre de l’Éducation devrait avoir le devoir et le pouvoir d’assurer que les bâtiments scolaires servent aux élèves qui en ont le plus besoin.

«Pourquoi la ministre ne s’implique pas? Elle aurait le pouvoir d’appliquer l’esprit du règlement 444/98, mais ne l’exerce pas», selon Mme Godbout.

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«Les écoles de l’Ontario sont censées desservir les enfants de toute la province tant francophones qu’anglophones. Depuis le 31 mai, nous sommes sans réponse de Mme Dombrowsky, alors que les besoins sont criants!»

«Il est inconcevable que des écoles (anglophones) restent vides ou presque vides pendant plusieurs années, alors que d’autres conseils scolaires (francophones) n’ont pas assez de places», a réitéré Mme Cyr.

«Ceci ne peut pas être géré par les conseils scolaires eux-mêmes, parce qu’ils n’ont pas la vision globale nécessaire pour gérer l’ensemble de ces propriétés publiques», ont opiné Mmes Cyr et Godbout.

D’autre part, rappelons que le programme fédéral visant à favoriser l‘immigration francophone en milieu minoritaire devrait contribuer à la croissance des deux conseils scolaires. «Le ministère a le devoir d’assurer que ces nouveaux arrivants puissent instruire leurs enfants en français», d’ajouter Mme Cyr.

Rattraper des années de négligence

«Il est flagrant, selon les chiffres présentés dans le rapport, que malgré ses efforts, le ministère de l’Éducation accuse un retard important dans le financement de nouvelles écoles françaises pour desservir adéquatement la population franco-torontoise», selon Mme Cyr.

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Or la situation ne peut que s’aggraver compte tenu du fort taux de croissance des deux conseils scolaires francophones dans la région du grand Toronto. Même si offrir l’enseignement en français en milieu minoritaire coûte cher, 40% de plus par élève selon le rapport Boileau, c’est un droit constitutionnel.

«Le manque d’argent ne peut pas être une excuse valable pour éviter de rattraper des années de négligence», a soutenu Hélène Cyr. «Si nous mettons les choses en perspective, les écoles dont nous avons besoin représentent une petite fraction de l’ensemble des écoles à Toronto.»

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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