Des élections s’il le faut

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Publié 02/06/2009 par François Bergeron

Les journalistes qui couvrent la scène politique entrent en transe à la moindre rumeur d’élections générales, comme celle qui court depuis que Stephen Harper a mis ses troupes sur le pied de guerre au cas où il perdrait à la Chambre des Communes un vote de confiance que l’opposition pourrait tenir le 23 juin.

Ce n’est pourtant pas une si grosse nouvelle. Tout gouvernement minoritaire est instable, surtout quand les sondages lui sont défavorables, comme c’est le cas ces temps-ci.

L’opposition peut se liguer contre le gouvernement, comme cela a failli se produire en décembre dernier, rendant nécessaire une nouvelle consultation de l’électorat ou, ce qui est rare mais certainement pas impossible ni illégal, le remplacement du parti au pouvoir par un autre offrant de meilleures garanties de stabilité.

Ce n’est pas non plus une mauvaise nouvelle qu’en démocratie on doive organiser des élections plus tôt que prévu. L’alternative, un gouvernement impopulaire ou illégitime qui s’incruste, serait pire.

Comme disait Churchill, la démocratie est un mauvais système, mais l’alternative (la dictature) est pire. C’est ce que certains disent aussi du capitalisme…

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Enfin, ce n’est pas une nouvelle si importante pour la majorité des citoyens. N’en déplaise aux chroniqueurs spécialisés ou aux apparatchiks, une victoire libérale ou conservatrice ne changerait pas grand chose à court terme.

Depuis janvier, les Conservateurs gouvernent comme des Libéraux. C’est l’opposition, en effet, qui réclamait l’automne dernier des dépenses supplémentaires d’au moins 30 milliards $ pour «stimuler» l’économie. Et depuis la réévaluation, la semaine dernière, du déficit fédéral 2009-2010 de 34 à 50 milliards $, les Libéraux demandent la démission du ministre des Finances.

Après avoir été scandalisés par la parcimonie ou l’attentisme de Jim Flaherty, les Libéraux se disent maintenant effrayés par l’ampleur de l’endettement du gouvernement… un sentiment plutôt conservateur, non?

Le nouveau chef Michael Ignatieff est passé maître dans l’art de souffler le chaud et le froid.

Le mois dernier, il a dénoncé la coalition libérale-néo-démocrate-bloquiste qu’il avait appuyée en décembre dans une lettre à la gouverneure-générale (le dernier député libéral à la signer, il est vrai). Mais il prétend encore conserver la coalition dans son arsenal face au gouvernement, comme solution de «dernier recours».

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Il semble que ce soit uniquement la popularité (ou ici l’impopularité) de cette alternative à des élections qui dicte la position libérale, comme d’ailleurs sur une foule d’autres sujets.

On remarque aussi que l’alignement conservateur sur le programme économique libéral trouve sa réciprocité dans l’alignement libéral sur des positions conservatrices.

Sur l’Afghanistan, Israël, la Chine, les Tamouls, la chasse aux phoques, le protectionnisme américain, voire le nationalisme québécois, le pétrole albertain et l’aide à l’industrie automobile, les prescriptions de Michael Ignatieff sont généralement indentiques à celles de Stephen Harper… même s’il préfère que son image soit associée à celle de Barack Obama.

Libéraux et Conservateurs ne divergeraient-ils finalement que sur l’assurance-emploi? Ce serait bien peu pour alimenter une nouvelle Trudeaumanie en faveur d’Ignatieff. Par contre, ce n’est pas ça non plus qui va galvaniser les Conservateurs.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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