Des décembres et des avrils

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Publié 11/12/2007 par Martin Francoeur

Vous avez bien lu. Des noms de mois au pluriel. Je ne pouvais pas trouver meilleur titre pour vous faire part de ce qui a été pour moi une découverte. Et vous savez comment je m’emballe quand je fais une découverte intéressante en matière d’orthographe ou de grammaire… On peut mettre des noms de mois au pluriel!

C’est cependant très rare, je vous le concède. Le Petit Robert prend d’ailleurs la peine de nous mentionner, pratiquement à la définition de chacun des douze mois de l’année, qu’il existe une possibilité de mettre le nom de mois au pluriel. Mais on insiste aussi sur le fait que ces formes sont, justement, rares.

J’ai eu récemment à faire cette vérification en raison de la neige abondante que nous avons reçue jusqu’à maintenant. Je me disais que pour les villes, ça grugeait déjà considérablement les budgets de déneigement.

J’ai donc voulu comparer les précipitations reçues en novembre 2007 par rapport à celles de novembre 2006. J’y ai découvert que chez moi, à Trois-Rivières, il était tombé plus de 35 centimètres cette année, alors qu’en novembre 2006, c’était zéro. Niet. Nada. Pas de neige accumulée au sol.

Toute une différence, donc. Une différence que je voulais exprimer dans le titre de mon article. Je voulais titrer «Les novembres se suivent mais ne se ressemblent pas».

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Et j’ai eu le bonheur de découvrir que je pouvais le faire. Parce que la tournure m’a d’abord fait hésiter. Jamais je n’avais vu des noms de mois écrits au pluriel…

Le Robert nous donne des exemples de mois employés au pluriel: des avrils pluvieux, des septembres venteux, des juins ensoleillés… Ou quelque chose du genre. C’est vrai qu’il y a quelque chose de poétique dans de tels emplois plutôt scientifiques ou météorologiques. On pourrait ajouter des exemples d’une autre nature: des novembres moroses, célébrer ses 80 juillets, les octobres sont toujours pénibles parce qu’ils lui rappellent chaque année la mort de son épouse…

Remarquez qu’on peut éviter l’emploi au pluriel en construisant les phrases différemment: Octobre est toujours un mois pénible parce qu’il lui rappelle la mort de son épouse, par exemple. L’emploi d’un mois au pluriel est non seulement rare; il est volontairement fantaisiste.

Il est par ailleurs intéressant de savoir d’où viennent les noms de mois qui composent le calendrier occidental actuel. «Janvier» vient de Janus, un des plus anciens dieux romains. «Mars» aussi a une origine mythologique. Ce mois évoque le dieu de la guerre chez les Romains.

«Août» nous ramène à l’empereur Auguste, alors que «mai» viendrait du latin «Maius (mensis)», qui signifie «le mois de mai». Cela viendrait du nom de Maia, divinité italique, fille de Faunus et femme de Vulcain.

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On hésite sur l’origine de certains noms de mois comme «juillet» et «juin». Pour «juillet», on pense qu’il peut s’agir d’un hommage à Jules César, ou encore d’une altération de l’ancien français «juignet», qui signifie littéralement «petit juin».

Même «juin» ne fait pas l’unanimité. Certains ouvrages indiquent que le nom de ce mois rappelle le souvenir de Junius Brutus, le premier consul de Rome, alors que d’autres plongent dans la mythologie et y voient un hommage à la déesse Junon.

Sans faire référence directement à la mythologie, «février» et «avril» viennent aussi du latin. Dans le cas de «février», on dit que le nom tire son origine du latin populaire «febrarius» ou du latin classique «februarius», qui évoque la notion de purification. Février serait donc, en quelque sorte, le mois des purifications. Le verbe «purifier», en latin, se dit «februare».

Quant à «avril», il viendrait du latin «aprilis», qui peut avoir la signification d’ouvrir, car c’est le mois où les fleurs s’ouvrent.

Enfin, le mystère entourant «septembre», «octobre», «novembre» et «décembre» est levé. Il ne s’agit évidemment pas des septième, huitième, neuvième et dixième mois de l’année, contrairement à ce que suggère leur étymologie, mais bien des septième, huitième, neuvième et dixième mois suivant l’équinoxe du printemps, en mars.

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

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