Départ du pape : «Ça devrait se faire tous les 10 ans»

– Le curé de la paroisse du Sacré-Coeur

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Publié 19/02/2013 par François Bergeron

Le devoir d’un pape nécessite «la vigueur du corps et de l’esprit», a expliqué Benoit XVI en annonçant au début de la semaine dernière qu’il quittait ses fonctions à la fin du mois.

La nouvelle – du jamais vu en 600 ans – a évidemment fait le tour du monde et fait jaser toute la chrétienté.

«C’est une décision inspirée», pense l’abbé Justin Desroches, curé de la paroisse francophone du Sacré-Coeur au centre-ville de Toronto.

En entrevue à L’Express, le père Desroches ne se dit «pas vraiment surpris» de la décision du pape: «On en parlait déjà vers la fin du règne de Jean-Paul II quand on le voyait décliner physiquement».

Geste moderne

Aux termes «démission», «abdication», «renonciation» pour décrire le geste du souverain pontife, le père Desroches préfère «départ». «Son geste est moderne, positif, et ça ouvre la porte à autre chose», ajoute-t-il, optimiste.

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«Ça devrait même se faire tous les 10 ans», lance-t-il. Selon le curé de Toronto, l’Église catholique devrait se remettre en question plus souvent et gagnerait à être plus transparente.

«Le Vatican c’est comme une paroisse», image le père Desroches. «Quand un curé qui est aimé et qui fait du bon travail commence à vieillir, il finit quand même lui aussi par prendre sa retraite.»

Marc Ouellet

Par ailleurs, la perspective de l’élévation du cardinal québécois Marc Ouellet à la papauté – une possibilité «très sérieuse», selon le père Desroches, comme pour plusieurs observateurs chevronnés du Vatican – titille les catholiques de tout le pays.

«Oui, ce serait excitant, mais tout dépend évidemment de la direction que prendra l’Église sous le nouveau pape», nuance le père Desroches, qui se définit volontiers comme un «moderniste», alors que la plupart des commentateurs ont qualifié le cardinal Ouellet – comme d’ailleurs les deux derniers papes – de «conservateurs».

Le curé de la paroisse du Sacré-Coeur reconnaît que l’Église catholique fait face à la «concurrence» de nouvelles églises évangéliques encore plus conservatrices, chez nous comme dans les pays en développement.

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En même temps qu’elle souhaite rester pertinente dans le monde moderne, l’Église tente donc aussi d’attirer ou de retenir des fidèles qui sont motivés par la quête d’une boussole morale.

Dans une entrevue accordée en avril dernier à l’organisation de presse catholique Sel et Lumière, le cardinal Ouellet avait dit ne pas s’imaginer pape un jour, en raison de toutes les responsabilités que cela implique.

«Mais d’un autre côté, je crois que l’Esprit-Saint aidera les cardinaux à choisir un bon leader pour l’avenir de l’Église catholique», avait-il ajouté.

Hockey, lettres, langues

Marc Ouellet est né à La Motte, en Abitibi, en 1944. Grand amateur de hockey, ce serait lorsqu’il soignait une blessure qui l’empêchait de jouer, alors qu’il était adolescent, qu’il aurait décidé de devenir prêtre.

Homme de lettres et docteur en théologie, Marc Ouellet parle six langues. Il a été archevêque de Québec de 2002 à 2010, s’affichant notamment en adversaire de l’avortement en toutes circonstances.

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Benoît XVI l’a promu préfet de la Congrégation pour les évêques et président de la Commission pontificale pour l’Amérique latine, une promotion que certains observateurs ont interprétée comme une façon de lui retirer la charge du Québec.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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