Denis Vaillancourt et l’avenir de la francophonie en Ontario: «Assez optimiste!»

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Publié 09/11/2010 par Guillaume Garcia

Juste avant d’être élu à la présidence de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, Denis Vaillancourt avait eu l’occasion d’assister à un débat organisé par l’AFO intitulé «Les 100 prochaines années de la francophonie en Ontario», où plusieurs jeunes francophones donnaient leur avis sur la question. L’Express a voulu savoir ce que le nouveau président de l’AFO pensait de cet avenir et des problématiques qu’il restait à poser pour un épanouissement plus grand des francophones.

Depuis son élection, Denis Vaillancourt voyage à travers la province à la rencontre des différentes communautés, pour se faire connaître, et pour les connaître. «Je m’approprie les dossiers, c’est pas de l’inconnu, mais il faut être à la hauteur de la complexité et de la diversité de la francophonie ontarienne», relance celui qui a justement fait campagne avec en ces termes.

L’avenir n’est pas sombre pour les francophones de l’Ontario. Malgré un début de débat quelque peu pessimiste sur la situation de la francophonie Ontarienne vue par les jeunes invités, dont Jean-Michel Ouimet, ancien directeur de l’APCM, Mehdi Hamdad, chanteur-compositeur et Andréanne Germain, cinéaste.

«C’était un panel fort intéressant. Mon premier réflexe a été d’être assez pessimiste, mais finalement c’est assez optimiste. On a un bel avenir dans le domaine artistique. En Ontario français on a une belle brochette d’artistes, c’est un domaine où les Franco-Ontariens se distinguent», analyse l’ancien directeur d’école.

La vitalité du monde artistique représente selon lui un bon indicateur de la vitalité global d’une communauté. Ceci appuyé par un bon réseau d’institutions.

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Denis Vaillancourt compte ces institutions comme forces de la communauté. Il y a des signes positifs. «Il y a une prise de conscience de son identité, quand on est bien dans sa peau on a pas peur d’offrir des services dans sa langue.»

Un des grands points du débat d’idée venait du constat de difficulté à sortir des cadres institutionnels pour la francophonie ontarienne, que ce soit l’école, les organismes, les institutions publiques.

La politique d’aménagement linguistique insiste sur la nécessité de créer des ponts entre les écoles et les communautés, que des lieux d’expressions naissent en dehors de l’institution.

Pour Denis Vaillancourt, il fait travailler dans cette direction même si parfois c’est déjà le cas. «Dans certaines communautés, l’école est très intégrée. Mais c’est vrai que la partie du lien école-communauté existe, mais elle est moins articulée qu’on le souhaiterait.»

Comme il le fait remarquer, cette relation privilégiée entre école et communauté est plus facile en milieu isolé il faut travailler à intégrer l’école dans sa communauté.

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Plusieurs intervenants du débat avaient d’ailleurs pointé du doigt les frontières du français. Cela restait quelque chose de très scolaire pour beaucoup en Ontario et ce qu’on leur proposait en français en dehors des cours était très «quétaine»!

Pour le président de l’AFO, l’organisme se doit d’être rassembleur, de proposer un projet de société, des points d’ancrage pour favoriser le dialogue et aider à la création de lieux d’échange entre les communautés et les institutions.

«Plus on se parle, plus on va trouver les moyens de contribuer à la communauté», poursuit-il. «De toute façon les institutions ont intérêt à se rapprocher de la communauté s’ils elles veulent se faire des clients.»

Spécialiste de l’école, Denis Vaillancourt connaît bien les défis du milieu scolaire et redoute particulièrement les fuites d’élèves vers les écoles anglophones. Nous lui avons donc demandé ce qu’il pensait de la concurrence entre les conseils catholiques et publics.

Sans se cacher, il répond très franchement selon son expérience et en précisant que c’est bien là son avis et non celui de l’AFO.

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«Quand on a deux réseaux différents, basés tous les deux sur la constitution du Canada, cela pose moins de défis quand il y a une concentration rapprochée. Les parents ont le choix. Mais en milieu plus dispersé, c’est un défi. Il faut chercher comment on pourrait collaborer, il faut être optimiste. Je pense qu’au secondaire il y a des possibilités. En bout de ligne, s’il y a quelque chose à faire c’est pour ne pas qu’il n’y ait de perte vers le réseau anglais, même si ce n’est pas tout le temps la plus grosse institution qui fournit la meilleure éducation.»

Toute cette réflexion met en lumière le tiraillement que peuvent éprouver certains parents, parfois sous la pression de leur enfant, pour choisir la langue de la scolarité.

Si un enfant aime le sport, la musique, les arts, etc., il a souvent plus d’opportunités dans le réseau anglais, surtout après la 9e année.

C’est pourquoi, comme le souligne Denis Vaillancourt, il faut avoir le réflexe francophone pour assurer, encore et encore l’avenir de la francophonie.

Il faut utiliser les services en français lorsqu’ils sont proposés pour montrer qu’ils servent à quelque chose et pouvoir en demander d’autres.

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«C’est le réflexe francophone à partir de l’individu. Est-ce que son répondeur est en français, sa plaque, est-ce qu’il se sert des services? Il faut créer un engouement.»

Denis Vaillancourt va continuer ses rencontres avec les communautés pour valider les grandes orientations de leadership franco-ontarien lancées l’an passé.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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