Un de mes amis m’appelle le 6 octobre pour aller au cinéma en soirée. «Ce soir, je regarde les élections à la télévision», que je lui réponds. «Élections? Quelles élections? Ah, c’était ça les publicités politiques… Pour qui il faut voter déjà?»
Seulement 49% des Ontariens ayant le droit de vote l’ont exercé le 6 octobre dernier: un record d’abstention depuis qu’on tient ce genre de statistiques pour la province. Aux élections fédérales du 2 mai, 61,4% des citoyens canadiens se sont dérangés; 50,5% aux élections municipales de Toronto le 25 octobre 2010.
Une pleine participation aux élections n’est pas utopique: 93,6% des Québécois ont voté oui ou non lors du second référendum sur la souveraineté en 1995. L’enjeu principal était existentiel: fonder un nouveau pays ou continuer en tant que province canadienne. Apparemment, il n’y avait rien d’aussi excitant cette année en Ontario.
Après chaque scrutin, les analystes se perdent en conjectures sur le faible taux de participation: campagne électorale ennuyante, candidats robotisés, slogans insipides, publicités caricaturales, promesses mensongères, débats de sourds, enjeux importants ignorés, considérations secondaires montées en épingle, insignifiance des élus, impuissance des gouvernements, processus électoral tordu, complicité des médias…
Ce sont là des explications «négatives» – certaines très valables, malheureusement – souvent accompagnées de complaintes sur l’indifférence ou l’apathie des jeunes, plus nombreux que leurs parents et grands-parents à boycotter les urnes.