Par un hasard qui fait le bonheur des journalistes, les cinq pays les plus endettés d’Europe forment en anglais le sigle PIIGS: Portugal, Italie, Irlande, Grèce, Espagne. Dans le groupe, la Grèce est dans la situation la plus périlleuse, ce qui, encore là, génère des métaphores sur la tragédie, une forme d’art inventée en Grèce. J’ai aussi lu quelques allusions à ses dettes «olympiques»…
Bref, la Grèce est presque en faillite. On apprenait récemment que le précédent gouvernement «conservateur», conseillé par Wall Street, s’est livré à divers tours de passe-passe comptables à la limite de la légalité pour faire croire à ses partenaires européens que son déficit annuel s’établissait à 3% de son PIB (la limite mandatée par l’UE) alors qu’il dépassait en réalité 12%.
Le nouveau gouvernement «socialiste» (c’est le monde à l’envers) a promis de se serrer la ceinture et, dans un premier temps, de ramener le déficit 2010-2011 à 9% du PIB, ce qui a immédiatement déclenché de vives réactions et manifestations d’à peu près tous les groupes sociaux, mais particulièrement des fonctionnaires syndiqués qui, comme chez nous, s’accrochent à leurs privilèges anachroniques et, dans le contexte actuel, immoraux.
La cigale et la fourm
La Grèce ne pèse pas très lourd dans l’économie européenne, mais ses partenaires de la zone euro hésitent à lui venir en aide, à la fois par principe et pour ne pas créer de précédent qui pourrait s’appliquer à d’autres membres plus importants.
Comme la fourmi de la fable, les Allemands, qui sont plus disciplinés et dont le gouvernement a repoussé l’âge de la retraite à 67 ans, ne comprendraient pas que leurs taxes et impôts supportent les Grecs plus insouciants, comme la cigale, et dont l’âge de la retraite a été abaissé à 63 ans pour les hommes et 58 ans pour les femmes.