Débat salutaire sur la TTC

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Publié 11/02/2010 par François Bergeron

Je ne prends pas l’autobus ou le métro régulièrement, mais en 30 ans à Toronto je n’ai jamais vu quelqu’un cracher sur un employé de la TTC ou l’injurier, ni entendu raconter ça.

Pourtant, selon le président du syndicat des travailleurs de la Commission des transports, de tels comportements – ainsi que des commentaires désobligeants sur leurs salaires et leurs conditions de travail – sont de plus en plus fréquents, notamment depuis que les usagers des autobus, streetcars et métro photographient des préposés dormant derrière leur guichet ou abandonnant de leur véhicule pour retirer de l’argent à la banque.

Depuis quelques semaines, ces photos font la une des journaux locaux. Des vidéoclips se sont aussi retrouvés sur YouTube. Ça tombe mal, juste après une augmentation appréciable des tarifs qui fait de Toronto l’une des villes au monde où les usagers payent le plus cher pour prendre l’autobus ou le métro. La direction de la Commission des transports s’excuse et promet de sévir. Les défis de la TTC alimentent la campagne à la mairie de Toronto. Adam Giambrone, le président de la Commission des transports, qui était aussi le candidat de la gauche néo-démocrate syndicaliste, l’héritier spirituel de David Miller, a abandonné la course dans les circonstances tragi-comiques que l’on sait.

Bref, le syndicat se sent attaqué et demande que cesse cette obsession malsaine des Torontois pour des services de transport en commun de qualité.

Les syndicats, surtout ceux de la fonction publique, leur dernier bastion, excellent à noircir leur situation et à démoniser leurs critiques. La rage néandertalienne du président du syndicat était à la mesure du ras-le-bol des citoyens, qui se souviennent encore de la grève de deux jours qui avait pris tout le monde par surprise un vendredi soir d’avril 2008.

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Cet été, c’est la longue grève des employé de la ville, notamment des éboueurs, qui a continué de faire réfléchir les citoyens encore une fois pris en otages dans ce système anachronique de relations de travail.

J’ai vu une fois un conducteur arrêter son véhicule jusqu’à ce qu’un passager qui avait omis de payer finisse par le faire ou sorte, pénalisant ainsi tous les usagers pour la faute d’un seul. Apparemment, c’est le protocole à suivre. Le conducteur contacte alors les autorités en mesure d’expulser ou d’arrêter le fauteur de troubles; mais il pourrait le faire en poursuivant sa route, non?

Je n’ai pas vu souvent – mais c’est arrivé – un conducteur se comporter de manière inacceptable envers les passagers. Des gens grossiers, il y en a partout, et nous avons tous nos bons et nos mauvais moments. Je ne pense pas que les employés de la TTC soient pires que les autres. Mais quand on sait que nos élus/employeurs vivent dans la terreur de notre syndicat, on ne craint pas les réprimandes…

Respirons par le nez: conducteur d’autobus ou guichetier dans le métro n’est pas l’emploi le plus dangereux au monde (il paraît que c’est la pêche en haute mer qui remporte cette palme, et non soldat, policier ou pompier comme on pourrait le croire). Les Torontois ont le droit de discuter des problèmes de la TTC et de l’avenir des transports en commun, de même que de la question plus large des privilèges des syndicats de la fonction publique. La campagne électorale à la mairie de Toronto en fournit une excellente occasion.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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