Je ne prends pas l’autobus ou le métro régulièrement, mais en 30 ans à Toronto je n’ai jamais vu quelqu’un cracher sur un employé de la TTC ou l’injurier, ni entendu raconter ça.
Pourtant, selon le président du syndicat des travailleurs de la Commission des transports, de tels comportements – ainsi que des commentaires désobligeants sur leurs salaires et leurs conditions de travail – sont de plus en plus fréquents, notamment depuis que les usagers des autobus, streetcars et métro photographient des préposés dormant derrière leur guichet ou abandonnant de leur véhicule pour retirer de l’argent à la banque.
Depuis quelques semaines, ces photos font la une des journaux locaux. Des vidéoclips se sont aussi retrouvés sur YouTube. Ça tombe mal, juste après une augmentation appréciable des tarifs qui fait de Toronto l’une des villes au monde où les usagers payent le plus cher pour prendre l’autobus ou le métro. La direction de la Commission des transports s’excuse et promet de sévir. Les défis de la TTC alimentent la campagne à la mairie de Toronto. Adam Giambrone, le président de la Commission des transports, qui était aussi le candidat de la gauche néo-démocrate syndicaliste, l’héritier spirituel de David Miller, a abandonné la course dans les circonstances tragi-comiques que l’on sait.
Bref, le syndicat se sent attaqué et demande que cesse cette obsession malsaine des Torontois pour des services de transport en commun de qualité.
Les syndicats, surtout ceux de la fonction publique, leur dernier bastion, excellent à noircir leur situation et à démoniser leurs critiques. La rage néandertalienne du président du syndicat était à la mesure du ras-le-bol des citoyens, qui se souviennent encore de la grève de deux jours qui avait pris tout le monde par surprise un vendredi soir d’avril 2008.