À la surprise générale, les Verts ont gagné facilement la première manche de la campagne électorale fédérale: le débat sur les débats.
Stephen Harper et Jack Layton (et Gilles Duceppe) ont accepté qu’Elizabeth May participe aux débats des chefs organisés par les principales chaînes de télévision du pays avant le scrutin du 14 octobre. Le Premier ministre, parce que la controverse sur la participation des Verts risquait de détourner l’attention de son message. Le chef du Nouveau Parti Démocratique parce qu’on commençait à s’apercevoir qu’il n’était plus si nouveau et peut-être encore moins démocratique.
On avait permis à Lucien Bouchard, fondateur du Bloc québécois, et à Preston Manning, du Parti réformiste unilingue, de se mesurer aux chefs des partis traditionnels dès leur entrée en scène. De plus en plus de Canadiens étaient mécontents qu’on ne donne pas la même opportunité à la chef d’un parti implanté dans toutes les provinces, même si son score dépasse encore rarement le niveau d’un vote de protestation.
L’idée de Stéphane Dion de ne présenter aucun libéral dans la circonscription d’Elizabeth May (contre le ministre de la Défense, Peter Mackay, en Nouvelle-Écosse) n’avait pas plu à tous les membres de son parti. M. Dion ne s’opposait pas non plus à la présence de Mme May sur le plateau des débats des chefs, alors que ce sont les Libéraux qui ont le plus à perdre de la division du vote «progressiste».
Gaffe d’amateur, avaient grommelé les vieux routiers libéraux: les Conservateurs auront beau jeu de nous prêter les politiques échevelées des Verts ou les déclarations malheureuses de ses candidats néophytes.