L’impératif du titre – Arrête-moi (Disque Double/Sélect) – fait tout de suite penser à Écoute pas ça, de Jean-Pierre Ferland, ou encore au Tue-moi de Dan Bigras, mais c’est dans le vaste répertoire thérapeutique de Lynda Lemay que Claude Jean est allé chercher la chanson-titre de son premier album solo. Pas surprenant, puisque le guitariste, violoniste et chanteur québécois a longtemps évolué aux côtés de Lemay, tantôt comme accompagnateur, puis dans la distribution de Un éternel hiver, cet «opéra folk» qui tiendra l’affiche au Québec dans les mois à venir, après avoir tourné en France.
Mais le CV de Jean ne s’arrête pas là: tour à tour, Laurence Jalbert, Paul Piché, Michel Rivard et Isabelle Boulay ont tiré profit de son exceptionnelle polyvalence. Sur Arrête-moi, donc, on fait connaissance avec l’auteur-compositeur qui attendait sa chance de se faire valoir.
Si les chansons nous semblent déjà familières, c’est moins fonction de leur attrait mélodique que du fait qu’elles s’inscrivent dans une démarche folk, où l’artiste trouve sa propre voix par le biais d’un langage commun, sans chercher l’originalité à tout prix. L’instrumentation, à haute teneur en guitares et libre de bidouillages post-modernes, est conforme aux canons du genre, ce qui convient à un répertoire qui porte son cœur dans la main, sans la moindre trace d’ironie.
En fait, Arrête-moi est un disque engagé, mais qui décline son engagement sur deux tableaux – à 50% sur le plan social et/ou écologique (Marchands de misère, La rivière d’en arrière), et à 50% sur le plan affectif et/ou fraternel (Le chevalier, Si tu savais). Bref, en cultivant son jardin entre colère et espoir, entre amour et amitié, Daniel Jean semble avoir fait des paroles de Jean-Jacques Goldman («Tout mais pas l’indifférence») son modus vivendi.
L’étrange univers d’un renégat du musette
Nulle part autant qu’en France, l’accordéon est-il tenu d’honorer une tradition populaire, populiste – et figée, semble-t-il, dans son folklore de carte postale. Ancien enfant prodige du musette (il écumait déjà le circuit à 10 ans, sous la tutelle de son père), Arnaud Méthivier, dit Nano, a donc dû casser le moule pour trouver sa propre voie.