Avec l’entrée massive des religions sur la scène politique mondiale depuis l’attaque terroriste de 2001 et le regain d’intérêt pour les discours et conflits religieux, le 21ième siècle a été qualifié comme celui du retour de la religiosité.
Si l’expérience des pays qui se sont donné des formes de gouvernement théocratique est jusqu’à présent très décevante, le discours religieux ne cesse cependant d’étendre son influence et son audience, un phénomène qui a été amplifié par le sentiment d’impuissance et de désarroi face aux effets de la récession de 2008 que rien ne semble désormais pouvoir endiguer.
Pour ceux qui pensent que la religion est le seul et l’ultime refuge de l’homme, la crise actuelle n’est pas indépendante de l’ensemble de la vision du monde que projette le capitalisme.
Si pendant longtemps les sociétés furent centrées sur les religions qui façonnèrent les rapports sociaux et les formes du pouvoir, il n’en est plus ainsi depuis la fin du Moyen-âge, l’avènement des Lumières, la montée du libéralisme, la séparation de l’État et de la religion, la déclaration universelle des droits de l’homme avec la Révolution française, l’apparition du capitalisme comme principale forme d’organisation économique et sociale, etc.
Le capitalisme, c’est-à-dire la quête du profit, la recherche de la rentabilité et la soif de gain illimité, a imposé sa logique et sa marque à toutes les manifestations de la vie humaine qui lui ont été assujetties. Le discours religieux s’est renouvelé pour mieux servir le capital dans sa volonté d’expansion. Par exemple, c’est la christianisation de l’Afrique, d’abord par des moyens pacifiques, mais très souvent à coup de canons et de violence, qui a permis de frayer le chemin à la colonisation de ce continent et à la main mise de l’Occident sur ses richesses. C’est encore le christianisme qui au 19ième siècle qui, en faisant accepter à la classe ouvrière ses conditions misérables, a conduit Karl Marx à qualifier la religion comme l’opium du peuple.