On nous dit qu’en période de difficultés économiques, nos gouvernements doivent augmenter leurs dépenses (pour «soutenir» ou «relancer» la croissance) et diminuer leurs taxes (pour aider les contribuables coincés), même si cela mène forcément au déficit. Cela signifie-t-il qu’une fois la prospérité revenue, nos gouvernements équilibreront leurs budgets en haussant les taxes et en coupant dans les dépenses? Ce n’est pas comme ça que ça s’est passé chez nous.
En période de prospérité (les années 90), nos gouvernements ont commencé à rembourser leurs dettes (les déficits encourus dans les années 70 et 80); bravo! Cependant, le débat politique a porté moins sur les taxes, qu’on pouvait maintenir à un niveau tolérable parce qu’elles rapportaient gros grâce à la croissance, que sur les dépenses publiques, sujet beaucoup plus «sexy» pour les politiciens. Ces dépenses étaient-elles moins nécessaires, justement à cause du plein emploi et de la santé de l’économie, ou méritaient-elles au contraire d’être gonflées pour investir toujours davantage dans les infrastructures, la santé, l’éducation, l’environnement, etc.?
C’est évidemment cette dernière option qui a le plus souvent triomphé. L’économie tourne à plein régime, a-t-on fait valoir; c’est quand on fait de l’argent qu’on le dépense; on se serre la ceinture quand ça va mal. Oups! Maintenant que ça va mal, on se dédit: limiter les dépenses devient un crime contre l’humanité!
Le gouvernement de l’Ontario vient d’annoncer que son exercice 2008-2009 sera déficitaire d’environ 500 millions $, à cause d’un manque à taxer dû au ralentissement de l’économie, qui risque aussi d’entraîner une hausse de l’aide sociale. Le gouvernement McGuinty limitera ou retardera certains investissements en santé (40 % du budget provincial), en éducation (20 %) et ailleurs, mais il envoi un très mauvais signal en abandonnant si rapidement la lutte à l’endettement, alors qu’on mesure encore mal les répercussions de la crise financière américaine… et qu’il s’agit précisément ici d’une crise causée par un endettement insensé.
Le budget provincial avoisine les 96 milliards $: était-ce si difficile de couper un demi-milliard de plus pour préserver ne serait-ce que l’apparence d’une saine gestion?