Coupures à Radio-Canada: l’Ontario perd deux émissions

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Publié 31/03/2009 par Guillaume Garcia

Un manque à gagner de 171 millions $ dans le budget 2009/2010 vient de pousser la Société Radio-Canada à annoncer la suppression d’environ 800 postes à temps plein, soit 400 au réseau anglais, 335 au réseau français et 70 dans diverses autres composantes de la société. Cela correspond à environ à 8% de l’effectif de l’entreprise. L’Ontario français perd deux émissions de radio, L’Ontario aujourd’hui et Les arts et les autres, présentées respectivement par Benoit Cautin et Line Boily. Quatre postes sont supprimés à Toronto, six à Windsor, qui devient par ailleurs un centre de production.

Les réactions ne se sont pas faites attendre. Le lendemain de l’annonce du plan de restructuration, et donc de la perte des deux émissions produites à Toronto, plusieurs associations ou organismes francophones ont fait entendre leurs voix en critiquant vivement cette décision. Ces critiques sont accompagnées d‘une grande déception de la part de ces acteurs de la francophonie.

L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario affirme que «le Canada français et en particulier l’Ontario français sont encore une fois des laissés pour compte», en parlant des coupures faite par la SRC. L’AFO va encore plus loin en dénonçant le fait que «la Société Radio-Canada se moque de la Loi sur les langues officielles, notamment des articles 41 et 42 qui exigent que tous les ministères et agences du gouvernement fédéral favorisent l’épanouissement des minorités francophones et anglophones et promeuvent la pleine reconnaissance et l’usage du français et de l’anglais dans la société canadienne».

L’AFO n’est pas seule à monter au créneau, la Fédération des communautés francophones et acadienne intervient également, par la voix de sa présidente, Lise Routhier-Boudreau: «Quand on pense, par exemple, à l’élimination de L’Ontario aujourd’hui et du 3-60 (émission acadienne), il faut se rappeler qu’on n’en a pas beaucoup, des émissions d’actualité qui parlent des réalités de nos communautés et des questions qui les intéressent».

La fédération culturelle canadienne-française déplore quant à elle une fragilisation de la couverture culturelle régionale.

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«La disparition d’émissions culturelles telles Les arts et les autres en Ontario, TamTam en Acadie, ainsi que la décision de mettre en veilleuse l’émission Zeste dans l’Ouest, sont accablantes et viennent définitivement fragiliser la couverture régionale culturelle et la présence des artistes franco-canadiens sur le réseau de la SRC». Line Boily, présentatrice de l’émission Les arts et les autres résume la situation: «La seule émission consacrée à la culture est coupée.»

De son côté, la SRC se veut rassurante en expliquant que «suppression de poste» ne rime pas forcément avec «perte d’emploi». Un programme d’incitation à la retraite volontaire va en effet être mis en place, «ce n’est qu’au mois de mai que l’on aura exactement combien il y aura de mises à pied», assure Denis Pellerin, directeur des communications régionales.

Ce Franco-Ontarien de naissance comprend «les préoccupations et les protestations légitimes» et tente de calmer le jeu en manifestant la volonté de la SRC de répondre du mieux possible aux demandes. «On ne prend pas la décision de suppression d’émissions en régions de gaieté de cœur, on aurait préféré garder ces émissions. Il faut mettre en lumière qu’elles seront remplacées par une nouvelle émission actualité nationale francophone.

«D’une certaine façon, il y a un gain», tente de persuader Denis Pellerin. Cette émission arriverait en ondes en septembre, elle serait accompagnée par la bascule de nouvelles sur Internet, et non plus à la radio ou la télévision.

Le processus syndical va maintenant se mettre en place pour savoir qui devra au final perdre son emploi. François Boileau, commissaire aux services en français de l’Ontario, suivra «les détails avec intérêt au cours des prochains jours, concernant les coupures pour l’Ontario car, pour plusieurs communautés en situations minoritaires en Ontario, la SRC est souvent le seul média francophone diffusant du contenu local en français».

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Le plan annoncé par la SRC, qui fait déjà tant de bruit, pourrait empirer puisqu’il repose sur le succès d’autres démarches, comme le rappelle le président-directeur général de Radio-Canada, Hubert T. Lacroix: «Le plan qu’on a présenté mercredi à nos employés a comme hypothèse la possibilité pour nous de vendre 125 millions $ d’actifs pour équilibrer le budget. Si on n’est pas capables de faire ça ou si on n’est pas capables de garder le produit de ces transactions-là, il est certain qu’il va falloir qu’on fasse des coupures additionnelles pour pouvoir équilibrer le budget. On ne peut pas s’en sortir».

Si la SRC ne parvient pas à tirer bénéfice de ses actifs, la facture pourrait s’alourdir «jusque 1200, 1300 suppressions de poste», appréhende Alex Levasseur, président du Syndicat des communications de Radio-Canada.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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