Coupe du monde: plate ou pas?

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 22/06/2010 par Guillaume Garcia

Après les 16 matchs du premier tour dans cette édition 2010 de la Coupe du monde de la FIFA, on peut maintenant affirmer que le spectacle n’est pas vraiment au rendez-vous. L’Espagne fait la belle et se fait cueillir par des Suisses vaillants, le Brésil gagne à l’italienne et les Pays-Bas remercient encore les Danois pour leur but contre leur camp. Même si dans l’absolu le foot n’en a pas besoin, ce n’est pas comme ça qu’il séduira les Nord-Américains et les sceptiques du ballon rond.

«Le soccer c’est plate à regarder». Ce mot lu sur le réseau social Facebook peut traduire une méconnaissance totale du foot de la part d’un Québécois plutôt porté sur le hockey, mais en y réfléchissant bien, il traduit ce que beaucoup de partisans ressentent depuis le début de la compétition la plus regardée de la planète.

Quatre-vingt-dix minutes multipliées par le nombre de matchs joués au premier tour (16) cela fait 1440 minutes (24 heures) et seulement 25 buts. À part le carton de l’Allemagne face à l’Australie, et la victoire des Pays-Bas face au Danemark, aucun pays n’a gagné par plus d’un but d’écart et déjà 6 matchs nuls ont eu lieu.

Peu sont les partisans qui peuvent se sentir fiers de leur équipe et de la manière dont elle joue puisque la plupart des matchs ont été lents, voire vraiment ennuyants.

Alors vraiment plate le soccer? On pourrait dire ça en effet. Les Coupes du monde et d’Europe étant d’ailleurs propices aux longs matchs qui se concluent par un nul ou une petite victoire.

Publicité

Il faut se rappeler la victoire du Brésil de Dunga, alors capitaine et aujourd’hui sélectionneur, en 1994, aux tirs au but contre l’Italie, ou de celle de la Grèce en 2004, repliée dans ses 16 mètres et n’entrevoyant le bout du tunnel uniquement sur coups de pieds de coin.

La Coupe du monde, pour la gagner, il ne faut pas marquer, il faut d’abord ne pas prendre de buts (merci l’Italie). Bon il y a aussi la technique brésilienne (marquer un but de plus que l’adversaire) des années Pelé, les scores fleuves qui en découlent.

Certains ont dit que la meilleure technique pour ne pas prendre de buts, c’était de garder le ballon. Faudrait demander aux Espagnols ce qu’ils en pensent; avec près de 70 % de possession de balle et un joli un à zéro dans le buffet, ils remercient encore les Suisses de leur avoir menti!

En fait, il faut savoir ce que l’on veut. Du joli spectacle, des buts, ou la victoire? Parce que c’est là que se situe le vrai dilemme. Ne vaut-il pas mieux attendre, replié dans ses 16m, que l’adversaire perde le ballon pour mieux contre-attaquer, plutôt que de se lancer à l’abordage?

On voit déjà s’exciter les adeptes du tableau noir, des tactiques et des plans anti-buts. Le coup du roseau en quelque sorte: on plie, on plie, on ne casse pas et on en colle un quand personne ne s’y attend.

Publicité

Contre de telles équipes, on devrait voir une rébellion des adversaires qui veulent vraiment jouer au foot. Au bout d’un moment, dès qu’une équipe s’aperçoit que son adversaire lui laisse la balle pour mieux contre-attaquer, elle devrait lui donner la balle et courir se replier dans sa moitié de terrain, comme pour dire, si tu ne joues pas vraiment, moi aussi je reste de mon côté, à ton tour de faire le jeu.

Un peu comme en vélo dans une échappée où un coureur refuse de prendre des relais. Parfois, tout le monde se relève et stoppe son effort pour signifier que si les autres ne jouent pas le jeu, autant arrêter de perdre des forces.

Pour autant, il y aura toujours des vaillants, qui seront prêts à rouler devant, pendant que les autres sont sagement installés dans leur roue. Souvent même. Ceux-là se feront griller la politesse dans les derniers mètres par celui qui s’est caché tout le long. Mmmm c’est beau le sport.

L’actuel directeur sportif du Real Madrid a dit un jour, comme une métaphore de ce genre de match: «Un adversaire qui n’a pas d’ambition d’attaque c’est comme faire l’amour à un arbre.» Bien vu Jorge Valdano!

Les partisans le savent, gagner une Coupe du monde n’a pas de prix, on peut la remporter de n’importe quelle manière, l’important c’est de soulever la coupe à la fin.

Publicité

Mais quand même, par pitié, messieurs les joueurs et les entraîneurs, essayez au moins de la jouer cette Coupe du monde, sinon on tire à pile ou face le vainqueur.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur