Contre «l’austérité» ou pour «un million d’emplois»?

Les élections ontariennes du 12 juin

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Publié 06/05/2014 par François Bergeron

La première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne a déclenché vendredi des élections générales pour le 12 juin, suite au rejet de son budget par la chef néo-démocrate Andrea Horwath. Ce budget promet pourtant une augmentation des dépenses publiques et de nouveaux impôts sur les revenus de 150 000 $ et plus.

Mme Horwath a expliqué sa décision – un pari risqué qui ne fait pas l’unanimité dans son parti ni au sein du mouvement syndical – en disant qu’elle a «perdu confiance» en Kathleen Wynne. Mme Horwath affirme que les promesses du budget ne seront pas honorées par les Libéraux s’ils sont réélus.

À gauche, toute

De son côté, Mme Wynne n’a pas tardé à afficher ses couleurs et son positionnement à «gauche» en attaquant «l’austérité» promise selon elle par les Conservateurs. Certains commentateurs et même, en privé, certaines personnalités néo-démocrates, disent que les Libéraux sont maintenant «plus à gauche que le NPD»…

Don Drummond doit se retourner dans sa tour (pas dans sa tombe, car il est bien vivant, mais ses prescriptions pour redresser les finances publiques ne sont plus à l’ordre du jour de la successeure de Dalton McGuinty).

Mme Wynne a aussi critiqué le premier ministre fédéral Stephen Harper pour ne pas avoir financé des projets d’infrastructure comme celui du Cercle de feu (dans le Nord de l’Ontario) et pour ne pas avoir amélioré les revenus des retraités qui ne bénéficient pas de régime de pension de leur entreprise.

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La création d’un nouveau régime de retraite ontarien, pour complémenter le système pancanadien, est l’un des points saillants du nouveau budget, considéré de facto comme la plateforme électorale libérale.

Le budget contient notamment d’importants investissements en infrastructures routières et de transport en commun.

«Le 12 juin les Ontariens auront le choix entre des mains sûres [libérales] et des tactiques risquées [conservatrices]», a-t-elle déclaré. Les Conservateurs «feraient régresser» l’Ontario en «déclarant la guerre» aux organisations syndicales et en sabrant dans les programmes gouvernementaux pour équilibrer le budget, accusent les Libéraux.

Endettement

Le budget 2014-2015 comporte une hausse du déficit à 12,5 milliards $, pour des dépenses de 130,4 milliards $, dont 11 milliards $ de frais d’intérêt sur la dette provinciale de 289,3 milliards $.

Malgré cela, le ministre Charles Sousa prétend être en mesure d’équilibrer les finances de l’Ontario en 2018, comme prévu depuis quelques années maintenant. Apparemment, les nouveaux investissements publics stimuleraient la croissance, qui comblerait le manque à gagner de l’État…

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Comme nombre de commentateurs – dont l’Institut Fraser, qui qualifiait récemment de «périlleuse» la situation des finances publiques ontariennes, en attaquant une analyse plus complaisante de la banque CIBC – l’opposition conservatrice croit que la promesse libérale d’équilibrer le budget en 2018 est une chimère.

Entreprises privées

Toutefois, après avoir rejeté, plus tôt cette année, l’idée de faire campagne sur des mesures antisyndicales d’inspiration américaine, le chef conservateur Tim Hudak se concentre davantage sur la création d’emplois – son slogan et son logo promettent «un million de nouveaux emplois».

Ce miracle serait accompli en réduisant les taxes actuelles, l’endettement public qui représente de futures taxes, et le coût de l’électricité, en ôtant divers obstacles bureaucratiques à l’investissement privé et à l’embauche, et en favorisant la formation des travailleurs dans divers métiers.

«Si vous cherchez celui qui sera le meilleur comédien sur la scène, si vous cherchez quelqu’un qui veut gagner un concours de popularité en promettant des subventions pour toutes sortes de projets, mais qui n’a pas les moyens de payer, et bien votez pour la chef libérale ou la chef néo-démocrate», a dit Tim Hudak. «Mais si vous voulez un plan de redressement pour remettre l’Ontario au travail, regardez-moi, regardez mon équipe, regardez mon plan».

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Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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