Consultation pour le village francophone: «Il ne manque que l’étincelle»

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 24/03/2009 par Guillaume Garcia

Samedi dernier, une soixantaine de personne étaient rassemblée dans la salle paroissiale du Sacré-Coeur à Toronto pour discuter les contours généraux, et pas seulement géographiques, de ce que pourrait être le «village francophone».

Depuis quelques temps, l’idée a fait son chemin et intéresse de nouvelles personnes. Si l’on pouvait retrouver dans l’assemblée des têtes bien connues de la francophonie torontoise, responsables d’organismes ou d’institutions, on s’apercevait vite que de nombreux citoyens francophones lambda avaient fait l’effort de venir de bon matin pour prendre part à la réunion. Doit-on y déceler une envie générale de voir naître un quartier francophone? On pourrait bien se laisser tenter par l’idée.

«Aujourd’hui, c’est du monde différent.» Sortie de son contexte, cette citation d’Hélène Roussel paraît anecdotique. Il n’en est rien. Si «du monde différent» est venu à la consultation publique lancée par l’ACFO-Toronto samedi dernier, c’est que le projet de village francophone avance.

Les citoyens se seraient donc emparés de l’initiative, lancée il y a quelques temps par des responsables d’organismes et des personnes déjà bien impliquées dans la vie francophone, telles que Marcel Grimard.

En groupes, les francophones ont travaillé sur plusieurs points qui leur paraissaient essentiels à l’établissement d’un quartier où le français tiendrait un rôle majeur. «Comment créer une identité franco-torontoise? Comment maximiser les ressources en place? Comment intéresser les jeunes francophones?» Voilà le genre de problèmes sur lesquels ont planché nos travailleurs du samedi. Toutes les idées ont ensuite été mises en commun et collées au mur sur des post-it.

Publicité

Pour les habitués de la lutte pour une meilleure reconnaissance du français à Toronto, le forum a été un large succès. Tous tiennent le même discours et affirment en choeur que le débat a avancé, que le monde était enthousiaste, que c’est bon signe.

Pourtant, la francophonie torontoise est éclatée, hétéroclite, géographiquement dans la ville et dans les origines. Afrique, Europe, Asie, Amérique ont pour seul lien le français comme langue. Les cultures différentes, c’est pour cela que la question de créer une identité francophone torontoise est un élément essentiel, sans ça il sera très ardu de rassembler tout ce beau monde sous la même bannière.

Et même si tous ces francophones ont une langue commune, lorsque l’on parle, les différences sonnent, notre accent s’entend. Un Québécois, un Franco-Ontarien, un Antillais, un Africain, un Français, tous n’ont pas les mêmes références.

Une violence symbolique liée à cet accent peut s’imiscer insidieusement dans le débat. Ronald Dieleman a fait parti du groupe de travail sur la violence symbolique; il explique: «C’est une violence entre francophones, on a tenté de faire des stratégies pour sensibiliser à cette violence. Il y a plusieurs niveaux de langue, plusieurs accents, il ne faut pas imposer un accent plutôt qu’un autre, il faut faire attention entre nous.»

Cette hétérogéneité de la francophonie torontoise est «une difficulté pour le moment», reconnaît Dominique Tremblay, directeur général de l’ACFO-Toronto. Mais un pas non négligeable a été franchi samedi, grâce au nombre des participants.

Publicité

«Il y a un potentiel de 600 personnes à travers ces 60 personnes là, plus les gens connaissent le concept de village francophone, plus le concept se dynamise», se réjouit Marcel Grimard, un des principaux instigateurs de l’idée de village francophone.

Hélène Roussel retient plusieurs choses de cette consultation publique: «Les thèmes émergents ne sont pas encore clairs, ça prend du temps de les analyser, il y a un processus de planification. Mais on a un mandat clair, les gens sont enthousiastes, gonflés à bloc.»

Pour elle, tous les éléments d’un petit village francophone sont déjà là, près de 
8 000 personnes vivant dans les contours du village (Bloor, lac Ontario, University, Don Valley) se déclarent francophones et les institutions francophones sont là. «On a la voiture, il manque le moteur», image t-elle. «Il ne manque que l’étincelle», conclut Dominique Tremblay.

Pour plusieurs personnes présentes, sans responsabilités dans un organisme, cette réunion aura permis de lancer le mouvement de conscientisation: «On a un pouvoir politique en tant que francophones, un pouvoir qui n’est pas exercé, pas exploité. Le village pourrait aider à occuper ce pouvoir.» Un premier pas semble avoir été franchi, il faut maintenant tenir la distance.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur