Conférence au CREFO sur I’immigration francophone

«Un partenariat entre les cultures»

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Publié 05/04/2011 par Annik Chalifour

Le Dr Alain Ngouem, conseiller principal en programmes au ministère des Affaires civiques et de l’Immigration à Toronto, chargé de cours en 2010 au Département de sociologie et d’études de l’équité en éducation à l’Université de Toronto et auteur de l’ouvrage Tentative de construction d’un modèle normatif d’intégration des immigrants dans une communauté francophone en milieu minoritaire publié dans le cahier de la recherche actuelle sur l’immigration francophone au Canada lors du 12e Congrès national de Metropolis en mars 2010, était le conférencier invité du CREFO (Centre de Recherches en Éducation Franco-Ontarienne), jeudi 31 mars.

La recherche du Dr Ngouem se veut un élément déclencheur de nouvelles discussions en Ontario français portant sur le thème de l’insertion économique et socioculturelle des immigrants. Le visage de l’immigrant francophone a beaucoup changé en Ontario depuis 10 ans; les immigrants d’Afrique sub-saharienne y occupent une proportion de plus en plus importante.

Dans un contexte où multiculturalisme et assimilation se côtoient, l’étude de cas exploratoire menée par le Dr Ngouem propose trois modèles d’intégration pour les immigrants francophones résultant d’entretiens semi-dirigés et réalisés par le chercheur auprès d’une cinquantaine d’immigrants d’origine et de cultures différentes vivant à Toronto et issus de pays où la langue française est une langue officielle.

Le français comme dénominateur commun

«Il est possible de déterminer une relation inclusive et bénéfique entre les communautés francophones, anglophones et les immigrants francophones en considérant la langue française comme outil communicationnel pour tous les francophones; en invitant les communautés francophones en situation minoritaire à accepter des échanges culturels avec les immigrants; et les réseaux francophones à faire en sorte que les immigrants s’intègrent non pas uniquement à titre de consommateurs, mais en tant que membres à part entière de la communauté francophone», selon le chercheur.

«La langue française, en plus de servir comme outil communicationnel pour tous les francophones, peut aussi participer à la dynamique de la pluralité identitaire et culturelle.

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Car, le caractère identitaire, culturel ou citoyen de la langue française, engendre un sentiment d’appartenance à un groupe même si celui-ci n’est pas homogène», soutient le Dr Ngouem. C’est à partir de 1990 que les chercheurs ont commencé à soupeser la sélection, l’intégration et la rétention des immigrants dans les communautés en situation minoritaire.

«Leurs études démontrent que l’intégration des immigrants tient énormément à la connaissance de la langue de la communauté d’accueil, mais aussi à la compréhension culturelle et à l’obtention de l’emploi», cite le conférencier.

Compréhension culturelle

Selon le Dr Ngouem, «les communautés francophones en situation minoritaire doivent faire de la compréhension culturelle une des conditions essentielles à la réussite de l’intégration de ces derniers dans leur communauté.»

Par échanges culturels, le conférencier réfère aux efforts mutuels de compréhension interculturelle qui devraient être idéalement déployés entre les immigrants et les membres de leur communauté d’accueil et entre ces derniers et les immigrants dont les habiletés professionnelles sont transférables.

Il serait intéressant que le CREFO assure un suivi à la recherche du Dr Ngouem, en effectuant par exemple, une étude de faisabilité auprès du Centre d’apprentissage interculturel/Center for Intercultural Learning (CIL) du ministère canadien des Affaires étrangères et du Commerce international, afin d’inciter le CIL à considérer d’ajouter à son programme de développement professionnel, un volet de formation interculturelle spécifiquement conçu pour équiper les immigrants face à leur nouveau contexte de vie économique et socioculturel au Canada.

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Obtention de l’emploi

Il est bien connu qu’une des principales causes d’exclusion socioéconomique des immigrants est liée à leur difficulté d’accès au marché du travail, faute de détenir une «expérience canadienne.»

Vis-à-vis de ce constat, le Dr Ngouem réitère que «les immigrants ne pourront s’intégrer que s’ils participent pleinement à la production et à la gestion des ressources communes. Car l’immigrant a non seulement un capital humain considérable, il peut aussi mettre à profit son capital social.» L’expérience canadienne suppose l’expérience de travail acquise au sein du contexte culturel canadien.

Or c’est peut-être justement là que se trouve le défi pour certains immigrants: le manque de sensibilisation face aux attitudes canadiennes sur le marché du travail qui sont influencées par nos valeurs culturelles et caractérisent notre façon de faire les choses.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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