C’est l’été. La Coupe du monde deux fois par jour. Les meilleurs journalistes sont en vacances. Des rumeurs de coalition libérale-néo-démocrate ont donc circulé brièvement à Ottawa, symptôme d’un malaise au sein du parti de Michael Ignatieff face à des sondages indiquant qu’il ne ferait pas mieux que Stéphane Dion, et peut-être suite aux récentes élections en Grande-Bretagne qui ont produit un gouvernement de coalition conservateur-centriste: une nouveauté.
Au Canada, c’est une coalition parlementaire de centre-gauche qui permettrait, avec l’appui du Bloc québécois qui est lui aussi plutôt de gauche, de renverser le gouvernement conservateur de Stephen Harper.
(Prière de prendre le mot «conservateur» avec un grain de sel ici, puisqu’aucun gouvernement conservateur ou de «droite» digne de ces noms n’endetterait le pays comme on vient de le faire ces deux dernières années et dépenserait 1 milliard $ pour des réunions inutiles comme celles du G8 et du G20.)
Ce qui est insolite ici, c’est qu’on évoque la possibilité d’un rapprochement libéral-néo-démocrate comme stratégie pré-électorale, croyant offrir aux électeurs une alternative «crédible» aux Conservateurs, plutôt que comme nécessité post-électorale, un arrangement à la David Cameron et Nick Clegg, pour assurer au pays un gouvernement stable malgré un Parlement divisé.
Notre paysage politique n’a pas beaucoup évolué depuis deux ou trois ans: les Conservateurs recevraient l’appui du tiers de l’électorat, les Libéraux du quart ou un peu plus, le NPD de 15%. Le Bloc reste premier au Québec. Or, c’est à partir de 40% d’appui (enthousiaste) qu’on commence à parler de gouvernement majoritaire.
On ne peut absolument pas présumer que la plupart des électeurs libéraux voteraient automatiquement pour une coalition libérale-néo-démocrate ou, en cas de pacte de non-agression entre les deux partis, que la plupart des électeurs libéraux voteraient pour le candidat néo-démocrate en l’absence d’un libéral. Un grand nombre d’électeurs libéraux sont susceptibles d’être intéressés aux projets des Conservateurs, tout comme plusieurs électeurs conservateurs votent volontiers libéral dans certaines circonstances.