Club canadien: Louise Fréchette a comparé les attributs du G20 et de l’ONU

Le monde recherche un point d’équilibre

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Publié 28/09/2010 par Annik Chalifour

«Le monde a désespérément besoin de leaders inspirants, capables de mobiliser les populations autour d’une vision moderne des rapports entre nations en ce début du XXIe siècle. Une des raisons de cette absence de mobilisation est que le monde est encore à la recherche d’un nouveau point d’équilibre après les décennies de guerre froide», selon Louise Fréchette, l’ancienne vice-secrétaire générale des Nations Unies qui est aujourd’hui associée au Centre pour l’innovation en gouvernance internationale et au Centre Pearson pour le maintien de la paix. Mme Fréchette était la conférencière invitée du Club canadien Toronto, le 20 septembre, à l’hôtel Royal York.

Mme Fréchette est d’avis que l’Occident est encore hésitant face à la montée en flèche des nouvelles puissances suite «à la victoire de sa guerre des nerfs contre l’empire soviétique».

«Même hésitation du côté des puissances du monde en développement, qui sont partagées entre leur désir d’obtenir une place à la table des grands et celui de préserver leur identité tiers-mondiste», a-t-elle affirmé.

L’inertie du processus de réforme des institutions liées à la gouvernance mondiale serait associée au fait «que l’on n’a pas encore mesuré toutes les conséquences de la mondialisation et des principes de l’appartenance à un village global», selon la conférencière.

Priorité aux enjeux domestiques

Sans contredit les réformes prudentes adoptées suite à la récente crise financière, démontrent à quel point les pays hésitent à limiter leur marge de manœuvre au nom de la stabilité mondiale.

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Force est d’observer que pour l’ensemble des pays, «l’idée qu’il faille subordonner la satisfaction des besoins nationaux à la préservation du patrimoine commun de l’humanité leur reste largement étrangère», a fait remarquer Mme Fréchette.

Ne serait-ce que la nouvelle voie du géant américain ayant récemment annoncé la réorientation de sa gouvernance vers des priorités internes tout en mettant fin à sa «mission accomplie» en Irak.

Dans tous les pays, ce sont les enjeux domestiques qui dominent le débat politique et les besoins nationaux qui déterminent les priorités, de réitérer la conférencière.

Incapacité collective

«Notre incapacité à prendre les mesures drastiques nécessaires au ralentissement du réchauffement planétaire», représente un autre exemple de l’échec d’une gouvernance globale, selon Mme Fréchette.

Même scénario sur le plan de l’aide internationale humanitaire, où les intérêts politiques des pays industrialisés influencent le financement des opérations internationales de secours d’urgence et de programmes de développement.

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En outre, on sait que les Nations Unies ont manqué de clairvoyance en matière de prévention de graves crises humanitaires au cours de ces deux dernières décennies.

Pourtant, «l’ONU a fait beaucoup de chemin en 20 ans en ce qui a trait au maintien de la paix dont le département peut aujourd’hui compter sur les compétences professionnelles de militaires et d’officiers expérimentés.»

En examinant d’autres secteurs d’activités des Nations Unies, on peut voir là aussi les efforts de réforme. «Par exemple dans le domaine des droits humains avec la création du poste du haut commissaire, de tribunaux ad hoc pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda et du Tribunal pénal international», a cité la conférencière.

G8 et G20

Historiquement, le Canada a attaché beaucoup d’importance à l’élaboration de normes internationales et à la mise en place d’institutions multilatérales efficaces.

Selon Mme Fréchette, «nous avons jugé que nos intérêts seraient mieux défendus dans un cadre multilatéral solide que si nous nous en remettions uniquement à des accords bilatéraux et à notre participation à des regroupements informels tel le G8».

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Le Canada s’est toutefois beaucoup investi dans le G8 et le G20 récemment. Mme Fréchette pense toutefois que l’ONU, dont la bureaucratie est nécessairement plus lourde, ne peut pas être supplantée par le G20 car ce dernier est davantage un forum de discussions (initialement créé en réaction au crash financier de 2008) qu’un moyen d’action pour stopper des guerres ou secourir des sinistrés.

Le rôle canadien

Cependant, le système international a besoin de l’engagement actif de puissances moyennes comme le Canada, de soutenir Louise Fréchette.

Proches des grandes puissances, mais moins distantes des pays les plus faibles, les puissances moyennes sont les mieux placées pour trouver les terrains d’entente, sans pour autant sacrifier leurs propres intérêts, selon la conférencière.

«Le contraire serait plutôt le cas. En s’impliquant activement dans la construction des institutions internationales, le Canada a augmenté son influence et accru son prestige aux yeux de ses pairs.»

C’est à partir de notre expérience contemporaine qu’il faut bâtir celle de demain. Louise Fréchette espère que le Canada, vu son potentiel, s’engagera dans cette entreprise.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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