Choix et défis des nouveaux arrivants

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Publié 02/06/2009 par Annik Chalifour

Environ la moitié des résidents de Toronto sont nés en dehors du Canada, et la moitié d’entre eux ont une langue maternelle autre que le français ou l’anglais. Des nouveaux arrivants francophones témoignent de leur adaptation à la Ville Reine, considérée comme la ville la plus multiculturelle au monde. Laquelle des deux langues officielles choisissent-ils pour y vivre?

«Je me considère comme francophone, puisque j’ai fait toutes mes études en français dans mon pays d’origine avant d’arriver au Canada», dit Dieudonné, originaire de la République démocratique du Congo (RDC), établi à Toronto depuis 2006.

Dieudonné planifie de faire immigrer ses enfants à Toronto et de les inscrire aux écoles françaises. Même si, ajoute-t-il, «il n’est pas toujours facile pour un nouvel arrivant francophone de vivre en français dans un milieu minoritaire.

Par exemple, les services en français parmi les professionnels de la santé ou du domaine juridique ne sont pas toujours facilement accessibles à Toronto.»

«Malgré le fait que j’avais déjà un bon niveau d’anglais à mon arrivée, j’ai suivi des cours pour me familiariser avec la façon de parler d’ici», ajoute Dieudonné. «Quand on arrive dans un pays bilingue, il est important d’en bien connaître les deux langues. Cela facilite l’intégration.»

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Tout en préférant obtenir un emploi en milieu francophone, Dieudonné se dit «ouvert à travailler dans un poste exigeant la connaissance des deux langues, pour bénéficier des deux principaux terrains d’embauche en Ontario.»

Travailler en français

Sylvain, également de la RDC, est arrivé à Toronto il y a une douzaine d’années. Selon lui, la livraison de services en français à Toronto s’est beaucoup améliorée depuis 1997.

«À l’époque, le manque d’interprètes était flagrant. Depuis dix ans, la situation a changé: il y a davantage de ressources dédiées à l’accueil des nouveaux arrivants francophones», dit-il.

Selon Sylvain, «si l’on veut créer un équilibre entre les deux langues en Ontario, il faut utiliser le français au maximum pour assurer son rayonnement à travers la province».

Il préfère cibler un travail dans le milieu francophone, pour continuer de promouvoir le français. «Il faut multiplier les efforts pour garder la dimension francophone bien vivante dans notre environnement minoritaire.»

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Sylvain est père de quatre enfants de trois à huit ans. «Il est important que mes enfants fréquentent les écoles françaises pour qu’ils puissent acquérir le vocabulaire culturel francophone d’ici», affirme-t-il.

L’attrait du bilinguisme

Franklina, née au Ghana et établie à Toronto depuis 2004, a vécu à Niamey au Niger (pays de la francophonie), où elle a fait ses études primaires en français.

«Avant de m’installer à Toronto, j’ai vécu à Montréal où j’ai poursuivi mes études à l’Université Concordia qui est bilingue», dit-elle.

Selon Franklina, la connaissance de plusieurs langues est un atout dans la vie. Elle parle cinq langues: le twi (sa première langue), l’anglais, le français, le djerma (langue du Niger), et l’espagnol.

«À la maison, je converse en français avec mes deux filles de deux et trois ans», commente-t-elle.

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Franklina, étudiante au Collège Boréal de Toronto, explique: «L’un de mes anciens professeurs de Concordia m’a conseillé d’aller au Collège Boréal pour améliorer mon français.

Selon lui, le bilinguisme est un atout incontournable dans la recherche d’emplois en Ontario. Je planifie de chercher un poste exigeant les deux langues dans le secteur du travail social à Toronto.»

L’anglais et le français d’ici

Madjiguène, originaire du Sénégal, est arrivée à Toronto il y a quelques mois comme étudiante internationale au Collège Boréal. «Ma langue maternelle est le wolof et le français, ma deuxième langue. J’ai fait toutes mes études en français au Sénégal: je me considère francophone», dit-elle.

Avant d’arriver ici, Madjiguène possédait une connaissance de base de l’anglais. Elle trouve parfois difficile de comprendre les anglophones d’ici.

«Par exemple, les explications verbales d’itinéraires ou d’horaires du transport en commun. J’arrive à m’exprimer en anglais, mais la compréhension reste un défi».

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Même si elle pourrait éventuellement mener une carrière en français dans son pays d’origine, Madjiguène croit que l’anglais est indispensable pour évoluer dans le milieu des affaires où elle se destine, et désire devenir bilingue (français/anglais).

«Si je reste au Canada, je chercherai un emploi exigeant les deux langues.»

Étudier en français

Les commentaires de ces quatre nouveaux arrivants révèlent que même s’ils reconnaissent l’importance de l’anglais, ils tiennent à préserver le français dans leur nouveau contexte de vie en Ontario.

Plusieurs organismes offrent aux nouveaux arrivants des cours de langue et de l’aide à l’accès à l’éducation en français.

Le Heritage Skills Development Centre (basé à Scarborough) offre des cours gratuits de français. Le Centre francophone de Toronto dispose d’un programme d’aide à l’établissement dans les écoles françaises.

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La Passerelle I.D.É. promeut les programmes d’études postsecondaires en français au campus torontois du Collège Boréal (collège d’arts appliqués et de technologie).

Le partenariat entre le Collège Boréal et le Collège Glendon (campus francophone de l’Université York) offre aux étudiants l’opportunité de poursuivre leurs études au palier universitaire en français ou bilingue.

La nouvelle campagne promotionnelle de L’Éducation en français du Centre franco-ontarien de ressources pédagogiques lancée le 30 avril dernier, est venue renforcer la visibilité des programmes d’études en français aux quatre paliers scolaires à travers la province.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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