Le 2 mai prochain, le Canada sera gouverné par un Parti conservateur majoritaire, ce qui fait encore peur à plusieurs électeurs, ou par une coalition libérale-néo-démocrate-bloquiste elle aussi majoritaire, un assemblage que le premier ministre Stephen Harper a qualifié de «broche à foin», samedi, premier jour de la campagne électorale fédérale.
M. Harper a rappelé que sous Stéphane Dion, en 2008, les Libéraux avaient cherché à former une coalition pour remplacer le gouvernement minoritaire conservateur qui venait d’être réélu. L’idée, impopulaire à l’époque selon les sondages, a été abandonnée après la prorogation du Parlement, quand les Conservateurs ont déposé un budget prévoyant les 30 milliards $ de déficit (devenu 50 milliards $ l’année suivante) réclamés par l’opposition pour affronter la crise résultant de l’éclatement de la bulle immobilière américaine.
Le chef libéral Michael Ignatieff nie vigoureusement qu’il cherche autre chose qu’un gouvernement libéral majoritaire, tandis que le chef du NPD, Jack Layton, a dit qu’il examinera «toutes les options» après le scrutin.
Harper n’était pas contre une coalition
Mais c’est Gilles Duceppe, le chef du Bloc Québécois, qui a marqué des points en rappelant, document à l’appui, que Stephen Harper avait signé lui aussi, en 2004, une lettre des chefs de l’opposition à la gouverneure générale Adrienne Clarkson lui demandant de les consulter sur la possibilité de remplacer le gouvernement libéral minoritaire de Paul Martin. M. Harper n’aurait donc pas toujours été opposé à une coalition avec les «socialistes» et les «séparatistes».
«M. Harper veut aujourd’hui cacher cela et on comprend pourquoi: ça détricote complètement le mensonge sur lequel il veut faire reposer toute sa campagne. Stephen Harper veut obtenir une majorité en se fondant sur un mensonge», a martelé M. Duceppe.