Bydlo, un univers d’incompréhension

Un court-métrage de l'ONF au TIFF

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Publié 04/09/2012 par Guillaume Garcia

Inspiré par l’œuvre de Moussorgski, Patrick Bouchard s’est lancé le défi de mettre en scène, à travers un film d’animation, Bydlo, une pièce musicale issue de Tableaux d’une exposition. Animateur et surtout artisan, Patrick Bouchard voit son travail récompensé par une sélection dans la catégorie courts-métrages au TIFF 2012.

Grand passionné de musique, Patrick Bouchard n’est pas à son coup d’essai en ce qui concerne le film d’animation basé sur une musique. En 2005 il avait déjà été l’auteur de Dehors novembre, influencé par la chanson du même nom du groupe Les Colocs, un film également déjà produit par l’ONF.

Où va l’humanité?

Cette fois-ci, après trois ans de travail, le jeune homme originaire du Saguenay nous offre, avec Bydlo, une vision du cycle de la vie qui traduit «les incompréhensions du monde et représente les angoissent qui nous hantent», selon Patrick Bouchard.

Comme un songe dans la brume du petit matin, une bête puissante surgit de la terre fertilisée par la pluie, faisant bientôt revivre les vestiges d’une charrette.

Prisonnier de son joug, le bœuf colossal tire son lourd fardeau, entraînant avec lui une peuplade avide et querelleuse, cohorte insatiable avec laquelle il fait corps et qui cannibalise ses ressources jusqu’à les épuiser.

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Allégorie d’une humanité courant à sa perte, Bydlo est une vision tragique inspirée par la musique du quatrième des Tableaux d’une exposition de Moussorgski.

«Tout est un cycle. Dans l’évolution technologique, il y a un avancement, mais il y a quand même des moments où des sociétés sont tombées», explique l’animateur.

Son film d’animation musical, comme il le décrit, est fait entièrement à la main par Patrick Bouchard, qui se considère avant tout comme un artisan ou un travailleur manuel.

Du travail d’artisan

«C’est fait en stop motion, ou en animation de volume comme on dit en français, d’ailleurs je préfère ce terme. J’ai travaillé avec de la plastiline, qui est une matière différente de la plasticine, car elle peut être fondue. Du coup on peut faire plus de personnages. Il y a plus de 100 personnages qu’on pouvait réutiliser en les refondant.»

Mais la matière n’a pas que des avantages. «C’est un matériau qui n’est pas si malléable: c’est une matière qui a tendance à se briser, à se déchirer quand tu la manipules. C’est beaucoup moins malléable que d’autres types de pâte à modeler.»

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Pourtant Patrick Bouchard veut utiliser parce que «c’est une matière terreuse, contrairement au latex, par exemple, qu’on utilise généralement pour les moulages. Le sujet imposait un look de terre. De plus, je voulais que le film ait un côté tactile, qu’on perçoive les traces de mes doigts. Or la plastiline, une fois moulée et refroidie, reprend sa texture d’origine. Les mains de l’animateur y laissent donc des traces, comme dans l’argile.»

Pour le tournage, au moins 500 kilos de cette matière ont été utilisés. Le décor faisait quatre mètres carrés et était entièrement recouvert de plastiline. Si on ajoute les personnages et les différentes versions du bœuf, cela commence à faire beaucoup!

Matière très dense, environ deux fois plus lourde que le beurre, la plastiline fait en sorte qu’un bloc équivalent à 500 g de beurre pèse environ 1 kilo.

Une fois la mise en scène en place, le tournage peut commencer. Le film est en 24 images par seconde, ce qui veut dire qu’il y a 24 changements effectués par l’animateur chaque seconde. Une photo est prise à chaque changement et une fois qu’il y a 24 photos, il y a une seconde de film. C’est un travail titanesque sur un film de 10 minutes.

S’il avait déjà l’idée globale du film en tête, Patrick Bouchard a travaillé avec une scénariste pour mieux traduire sa vision de l’incompréhension du monde. «Ce qui manquait c’était la sortie du bœuf de terre.»

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Diplômé de l’université de Chicoutimi en arts, Patrick Bouchard a développé son goût pour le film d’animation quand il s’est aperçu qu’il pouvait intégrer différentes formes d’art au sein d’une œuvre. Il peut jouer sur la musique, le dessin, le moulage pour arriver à ses fins.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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