Depuis la fin de l’été, l’écart se creusait entre George W. Bush et John Kerry dans les sondages d’intentions de vote.
L’occupation de l’Irak va de plus en plus mal. La «guerre au terrorisme» n’a réussi qu’à stimuler le recrutement de combattants ennemis. L’économie américaine est ralentie par l’ampleur des déficits. La constitution et les libertés sont malmenées au nom de la sécurité. Le président des États-Unis ne peut plus prétendre au titre de «leader du monde libre». Washington a perdu beaucoup de crédibilité et inspire davantage la crainte que le respect.
L’écart aurait donc dû se creuser au profit de Kerry, mais non: jusqu’au premier débat télévisé des deux candidats, où Kerry est apparu présidentiel et articulé face à Bush obtus et grincheux, la moitié des Américains souhaitaient encore la réélection du président, contre moins de 45% et parfois seulement 40% qui se disaient prêts à voter pour le candidat Démocrate.
Le débat télévisé a remis la campagne de Kerry sur les rails, mais son élection est encore loin d’être assurée. Surtout que, contrairement à ce que prédisaient plusieurs commentateurs, le second débat sur les politiques économiques et sociales n’a pas permis à Kerry de porter le coup fatal: les Américains jugent plus sévèrement un candidat qui menace d’augmenter leurs taxes et de gonfler la bureaucratie qu’un président qui s’est mal conduit sur la scène internationale.
Déceptio
On peut expliquer le résultat de l’élection de 2000 comme une erreur ou une aberration. Ou une cruelle déception, puisque les Républicains prônaient alors le désengagement des États-Unis de plusieurs conflits, notamment au Moyen-Orient!