Le Bloc québécois (fédéral) et le Parti québécois (provincial) ramènent l’avenir constitutionnel du Québec et leur option, la souveraineté, au coeur de leur discours. C’est sans doute la réaction la plus inattendue à la récession économique – et au budget de crise présenté la semaine dernière par le gouvernement conservateur de Stephen Harper, avalisé par les Libéraux de Michael Ignatieff.
C’est la grogne, dans les rangs conservateurs, face au budget déficitaire qui bafoue les valeurs d’équilibre et de parcimonie défendues jusqu’à tout récemment par l’équipe Harper-Flaherty, qui a capitulé face à la menace de la coalition alternative libérale-néo-démocrate.
Le Bloc n’était pas censé participer au gouvernement mais simplement appuyer ponctuellement l’action de la coalition. Mais même ce rôle passif a été jugé abominable dans certaines régions du pays et, par conséquent, par plusieurs députés libéraux. Selon Gilles Duceppe et Pauline Marois, le Québec doit donc se séparer du reste du Canada: les priorités des deux «nations» sont trop divergentes, comme le démontre le budget conservateur-libéral du 27 janvier…
Ce raisonnement ne manque pas d’audace, voire d’élégance, mais on a surtout hâte à la suite du débat, qui devrait porter sur l’originalité et l’efficacité des mesures qu’adopteraient les souverainistes dans le contexte économique actuel.
Le caucus libéral fédéral n’est certainement pas unanime face à la stratégie de Michael Ignatieff, qui prête flanc aux attaques du NPD de Jack Layton et laisse aux Conservateurs les rênes du pouvoir et le temps de se réorganiser. Les Libéraux aussi, bien sûr, ont besoin de temps pour regagner la confiance d’un plus grand nombre de Canadiens, notamment au Québec et dans l’Ouest. Mais le renversement des Conservateurs par la coalition, qui aurait propulsé Ignatieff aux commandes du gouvernement, aurait servi de raccourci et transformé le paysage politique en vue des prochaines élections.