Budget de l’Ontario: l’AFO veut «faire partie de la solution»

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Publié 03/04/2012 par François Bergeron

«L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario soutient entièrement cette approche pragmatique pour assainir les finances publiques de la province», a fait savoir le lobby des Franco-Ontariens suite au dépôt, le 27 mars, du budget 2012-2013 de la province par le ministre des Finances, Dwight Duncan.

«L’Assemblée va examiner de près les coupures annoncées dans les ministères pour mieux saisir les impacts concernant l’offre de services en français. Elle estime que la lutte au déficit ne devrait pas empêcher le gouvernement McGuinty de poursuivre ses engagements vis-à-vis de la communauté francophone.»

Le ministre Duncan a présenté un budget de 127 milliards $ qui ne serait rééquilibré qu’en 2017-2018, notamment en «contenant» les salaires et les pensions des fonctionnaires comme le personnel hospitalier et les enseignants. «Lorsqu’il sera impossible de négocier des ententes qui respectent le plan d’équilibrer le budget, le gouvernement est prêt à proposer les mesures administratives et législatives nécessaires», a averti le ministre.

L’Association des enseignants franco-ontariens a accusé le gouvernement McGuinty d’«handicaper le processus de négociation collective dans le secteur de l’éducation en fixant ses positions initiales dans le budget, alors que les négociations n’ont même pas débuté». 

Les conseils scolaires auront «des décisions difficiles à prendre», croit l’AFOCSC (les conseils catholiques de langue française), mais elle accueille favorablement les initiatives permettant la mise en disponibilité des écoles sous-utilisées. «Notre système est en croissance, contrairement aux systèmes de la majorité», rappellent les francophones.

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Au Conseil scolaire Viamonde, «on constate que plusieurs mesures auront des répercussions dans le milieu de l’éducation sans toutefois pouvoir immédiatement en évaluer l’impact sur ses activités».

«Pas de grandes surprises» ici, résume sur son blogue le commissaire aux services en français François Boileau, «puisque beaucoup d’idées mises de l’avant le mois dernier dans le rapport de la Commission Drummond ont été reprises», notamment une loi qui permettrait au gouvernement de mettre en œuvre un certain nombre de modèles de partenariats public-privé pour ServiceOntario.

«Il sera essentiel de s’assurer que ces normes de service à la clientèle comprennent des garanties concernant la prestation de services équivalents, en français comme en anglais», indique M. Boileau.

L’AFO souhaite d’ailleurs participer aux réformes et aider le gouvernement à offrir ses services dans les deux langues au moindre coût.

Le budget provincial 2012-2013 propose aussi:

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• le maintien du taux général de l’impôt sur le revenu des sociétés (à 11,5%) jusqu’à ce que le budget soit équilibré (au lieu des réductions graduelles d’impôts jusqu’à 10% prévues dans les plans budgétaires précédents);

• le plafonnement de la Prestation ontarienne pour l’énergie propre à 3000 kWh par mois;

• la modification du Programme de médicaments de l’Ontario pour que les personnes âgées ayant un revenu plus élevé assument une plus grande part des coûts.

Le gouvernement veut aussi regrouper un grand nombre de programmes de soutien aux entreprises en un seul Fonds pour l’emploi et la prospérité.

Le budget promet une «transformation du système de santé afin de ramener le taux de croissance des dépenses à une moyenne de 2,1% par année». Ce serait un exploit, considérant que les dépenses de santé ont augmenté de 6% par année au cours de la dernière décennie.

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On veut notamment «traiter les patients dans des milieux autres que les hôpitaux, par exemple dans des cliniques sans but lucratif ou à domicile, lorsque cela est approprié», car cela coûte moins cher qu’à l’hôpital.

La dette de la province devrait atteindre 260 milliards $ l’année prochaine. Cela portera son ratio en pourcentage du produit intérieur brut (PIB) à 39,5%, le deuxième plus important taux au pays après celui du Québec (qui avoisine 55%).

Le coût du service de la dette de l’Ontario s’élève à environ 10 milliards $ et constitue la quatrième charge annuelle en importance, après les soins de santé (48 milliards $), l’éducation (24 milliards $) et les services sociaux (14 milliards $).

La chef néo-démocrate Andrea Horwath affirme que le budget «n’est pas à la hauteur des défis qu’affrontent les familles», mais il serait étonnant que ses députés votent avec les Conservateurs pour renverser le gouvernement libéral.

Le chef conservateur Tim Hudak, lui, qualifie ce budget de «faible» en ce qu’il ne réussit pas à «réaliser les changements structurels nécessaires pour réduire le déficit», tout en faisant «obstacle à la création d’emplois par les entreprises».

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Les Conservateurs soulignent que le déficit ontarien (15 milliards $) est «trois fois supérieur à ceux combinés de toutes les autres provinces canadiennes». On en fait encore «trop peu» pour réduire la grosseur et les coûts du gouvernement, selon les Conservateurs. L’Ontario reste condamnée à un déficit de 30 milliards $ dans cinq ans et à une économie stagnante, estiment-ils.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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