Budget de l’Ontario: dans le rouge pour les sept prochaines années

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Publié 31/03/2009 par François Bergeron

Le gouvernement libéral de l’Ontario – la province la plus touchée par la récession et par la restructuration du secteur manufacturier – empruntera des dizaines de milliards de dollars au cours des sept prochaines années pour investir dans les infrastructures et la formation professionnelle, tout en réduisant le fardeau fiscal des entreprises et des particuliers dans le but de stimuler l’activité économique.

Dans son budget 2009-2010, mais dont les projections vont jusqu’en 2016, déposé jeudi dernier, le ministre des Finances Dwight Duncan annonce aussi la fusion des taxes de ventes provinciale (8 %) et fédérale (5 %) à partir du 1er juillet 2010 et une foule de mesures compensatoires comme une ristourne de 1000 $ par famille, la mise en oeuvre plus tôt que prévu de la Prestation ontarienne pour enfant (jusqu’à 1 100 $ par enfant par année), une majoration de l’aide sociale et des investissements dans la rénovation de 50 000 logements sociaux.

Finances publiques

«La crise économique mondiale a considérablement réduit les revenus du gouvernement», ne peut que constater Dwight Duncan. Il soutient que «le déficit prévu est attribuable à cette réduction et aux mesures à court terme de stimulation économique, et non à une forte augmentation des dépenses des programmes de base».

Ce fameux déficit serait de 4 milliards $ en 2008-2009 (l’exercice de 100 milliards $ qui vient de se terminer) et de 14 milliards $ en 2009-2010. Le gouvernement estime pouvoir rééquilibrer le budget d’ici 2015-2016, mais l’Ontario aura ajouté près de 60 milliards $ à sa dette de 170 milliards $ pendant ces sept années. Le poids de la dette publique de l’Ontario passerait donc de 25% du PIB à l’heure actuelle à environ 33% en 2016. 

Après la santé et l’éducation, le service de la dette (les intérêts) demeureront donc pendant encore longtemps l’une des dépenses les plus importantes du gouvernement provincial.

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Il y a deux mois, le gouvernement fédéral (celui du Québec aussi, récemment) ciblait 2014 pour le retour au déficit zéro, mais selon plusieurs analystes ces prédictions reposent sur les scénarios les plus optimistes (des taux de croissance du PIB de 2,3% en 2010 et 3,3% en 2011 malgré un taux de chômage entre 8% et 9%).

Mince consolation: le gouvernement américain, lui, pourrait être endetté à la hauteur de 100% du PIB avant la fin du premier mandat du président Barack Obama.

Taxe de vente unique

Quatre provinces canadiennes et plus de 130 pays ont adopté une taxe unique (fédérale-provinciale) sur la valeur ajoutée, qui serait plus efficace qu’une taxe de vente au détail.

Les familles dont le revenu est de 160 000 $ ou moins recevront trois paiements totalisant 1 000 $ «pour les aider à s’adapter à la nouvelle taxe». Les personnes seules dont le revenu est de 80 000 $ ou moins recevront trois paiements totalisant 300 $.

Allégements fiscaux

Le gouvernement propose un allégement fiscal de 10,6 milliards $ pour les particuliers au cours des trois prochaines années, y compris 4 milliards $ en paiements de transition en espèces et des mesures permanentes de réduction d’impôt. 

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Ces mesures feraient de l’Ontario «la province ayant le taux d’imposition provincial le plus faible au Canada pour la première tranche d’imposition», selon le ministre Duncan.

Et «toute la réforme du régime fiscal réduirait le taux effectif marginal d’imposition de l’Ontario de moitié pour les nouveaux investissements des entreprises, ce qui ferait de l’Ontario l’un des territoires les plus concurrentiels du monde industrialisé en ce qui a trait aux nouveaux investissements»… Les entreprises bénéficieraient de réductions d’impôt évaluées à 4,5 milliards $ sur trois ans.

Services en français

Le gouvernement annonce une contraction de la fonction publique ontarienne de 5% sur les trois prochaines années, mais le Commissaire aux services en français François Boileau pense pour l’instant que cela «ne devrait pas affecter directement la disponibilité des services en français offerts en Ontario». Mais c’est une chose «que nous allons continuer de surveiller de près», écrit-il dans son blogue.

M. Boileau affirme que les services en français «sont non seulement des services de qualité au citoyen, mais contribuent également au développement de l’économie de notre province». Une main d’œuvre bilingue, en effet, constitue un avantage économique dans un monde compétitif.

C’est ce que fait valoir la ministre des Affaires francophones (également ministre des Services sociaux) Madeleine Meilleur. «L’économie de demain exigera des compétences que nos écoles, collèges et universités francophones sont très bien placés pour offrir», a-t-elle dit en entrevue à L’Express. Mme Meilleur souligne que le budget maintient, justement, le financement de ces institutions.

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Elle fait aussi remarquer que le Commissaire aux services en français voit son budget augmenter légèrement, malgré le contexte difficile, signe de l’engagement du gouvernement envers ses services en français.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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