Bucarest se prépare fébrilement à accueillir la Francophonie

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Publié 12/09/2006 par Jean Mazaré

Le 11e Sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie se tiendra à Bucarest, la capitale de la Roumanie, du 25 au 29 septembre. Il s’agit de la réunion officielle la plus complexe organisée sur le sol de ce pays des Balkans.

Bucarest recevra plus de 40 groupes membres de la Francophonie, de nombreux chefs de gouvernements et leur cortège de journalistes, patrons d’entreprises, artistes venant d’au moins 63 juridictions se situant dans la sphère politique et culturelle francophone.

Les autorités de Bucarest souhaitent que ce Sommet francophone les aidera à améliorer l’image du pays à l’extérieur de ses frontières. Douze membres de l’OTAN sont aussi membres de la Francophonie, certains exerçant une influence déterminante au sein de l’Union européenne que la Roumanie veut intégrer en 2007.

Ce sommet teste non seulement les structures politiques et culturelles du gouvernement, mais aussi les structures d’accueil du pays, notamment les hôtels, déjà pleins, qui ont augmenté leurs tarifs à des niveaux records pour l’occasion. Une chambre peut coûter 500 euros (environ 600$), du jamais vu dans ce que d’aucuns décrivent comme la plus laide des capitales européennes.

Plusieurs délégations auraient d’ailleurs réduit leur composition prévue afin de respecter leur budget. L’Organisation internationale de la Francophonie prévoyait initialement la participation de 3000 personnes, mais ce nombre est aujourd’hui réduit de moitié.

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Le gouvernement canadien fournit environ 2 millions $ en équipement de communication et de sécurité. Quelques 240 limousines seront prêtées aux représentants gouvernementaux par l’industriel français Renault. Le gouvernement roumain a investi environ 500 millions $ pour relever le niveau de sept hôpitaux de Bucarest en prévision du Sommet. Une armée de 20 000 chauffeurs, guides, agents de sécurité, interprètes, traducteurs, infirmiers et travailleurs d’hôtels seront directement affectés au Sommet de la Francophonie.

Déjà, conduire à Bucarest, où les automobilistes sont notoirement indisciplinés, n’est pas une sinécure. Pour aider la police à gérer la circulation, le gouvernement a décrété un congé national pendant les trois jours du Sommet, pendant lesquels de nombreux Roumains resteront à la maison ou sortiront de la ville! Par ailleurs, de nombreuses activités culturelles sont prévues autour du Sommet.

La Roumanie est l’un des 53 États-membres à part entière de l’Organisation internationale de la Francophonie depuis 1993. L’Organisation compte aussi 10 États-membres à titre d’observateurs.

Symboliquement, la Francophonie représente pour les Roumains la modernité de la civilisation française. Sauf pendant la période communiste, où le pays s’est retrouvé sous le joug débilitant du dictateur mégalomane Nicolae Ceaucescu, le développement social de la Roumanie a été largement inspiré par la France. Le Roumain (déformation de «Romain») est d’ailleurs une langue latine, l’une des plus près du latin original.

C’est le géographe français Onésime Reclus qui a présenté, en 1880, la notion de «francophonie» pour définir des populations ou des pays utilisant le français entre eux. Le premier Sommet n’a cependant été organisé que 106 ans plus tard à Paris. Ce 11e Sommet de Bucarest célèbre le 20e anniversaire de l’Organisation.

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La Roumanie exercera la présidence de l’Organisation de 2006 à 2008 et souhaite, notamment, devenir le centre de coordination de la Francophonie en Europe de l’Est et y piloter le projet d’une université francophone. La proposition vient du gouvernement roumain et veut contribuer à freiner le déclin relatif du français par rapport à l’anglais en Roumanie et en Europe de l’Est.

Au début du XVIIIe siècle, le français était la langue de l’aristocratie roumaine et était compris d’une majorité de Roumains. Toute une génération de révolutionnaires roumains étudiaient à Paris en 1848.

Aujourd’hui, le quart de la population roumaine peut encore s’exprimer couramment en français: la plus forte proportion dans un pays où le français n’est pas une langue officielle.

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