L’ancien Procureur général de l’Ontario Michael Bryant, qui a tué accidentellement, au volant de sa voiture, le cycliste Darcy Sheppard qui l’agressait, le 31 août dernier, ne pouvait mieux s’en tirer.
Après avoir examiné les éléments de preuve que la défense lui a généreusement fournis (une stratégie inhabituelle, mais gagnante ici), le procureur spécial, appelé de Colombie-Britannique pour éviter toute apparence de conflit d’intérêts ou de traitement de faveur, a retiré les accusations de négligence criminelle et de conduite dangereuse qui pesaient contre Bryant. Celui-ci est libre. Il n’y aura pas de procès, la Couronne estimant qu’elle n’a aucune chance d’y obtenir un verdict de culpabilité.
C’est sans doute la bonne décision. Bryant était réellement en état de légitime défense (et paniqué) face à Sheppard. Ce dernier n’a pas eu une vie facile et sa mort reste une tragédie, mais on aurait tort d’en faire un martyr du cyclisme contre l’automobile, ou des démunis contre les privilégiés.
Toute l’affaire a été menée rondement, en neuf mois.
On aimerait pouvoir en dire autant pour David Chen, ce commerçant du quartier chinois près du Musée des beaux-arts, sur qui pèsent encore des accusations d’assaut et de séquestration pour avoir poursuivi et arrêté un voleur à l’étalage le 23 mai 2009 (il y a donc maintenant plus de douze mois).
Là aussi, la Couronne devrait conclure qu’elle n’a aucune chance de persuader un jury de condamner David Chen. On devrait, au contraire, lui remettre une médaille de civisme ou de bravoure ou l’Ordre de l’Ontario.