Bonne saison pour le sirop d’érable, mais difficile pour le commerce

Jean-Marc Levac, de Riceville, dans sa cabane à sucre. Photo d'archives: Chantal Quirion, Agricom
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Publié 08/04/2020 par Roxanne Lormand

Difficile saison pour les cabanes à sucre commerciales qui, en plus de vendre leur sirop d’érable, ont l’habitude de recevoir une clientèle en salle à manger et d’offrir le traditionnel repas de cabane.

La crise du coronavirus et la suspension de tout rassemblement en Ontario a provoqué la fermeture de ces entreprises au public. Les temps sont difficiles pour plusieurs, alors que la saison des sucres, elle, est meilleure que l’an dernier.

Spectacles et événements

Pour Mario Perrier, copropriétaire de la Station 4 saisons avec sa femme Johanne Lefebvre, la saison débute difficilement. La Station 4 saisons est située à Hammond, dans l’Est ontarien, et accueille beaucoup gens en temps normal pour des repas traditionnels de cabanes à sucre.

L’entreprise offre aussi des spectacles et son emplacement en fait une place de choix pour des réceptions et mariages. Par contre, depuis les mesures de confinement mises en place par le gouvernement, aucun repas n’a été servi, aucun spectacle ou évènement non plus.

«On avait plusieurs centaines de réservations déjà payées et on a dû procéder à un remboursement total des recettes que nous avions déjà engendrées en prévision de la saison», commente Mario Perrier. «Nous, notre chiffre d’affaires a été réduit à zéro, car nous sommes une cabane à sucre et une salle de réception», a-t-il tenu à ajouter.

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En temps normal, la salle de réception peut accueillir jusqu’à 120 personnes à la fois. «Les gens y viennent pour prendre un bon repas de cabane et voir tous les procédés de la fabrication artisanale de sirop», explique Mario. Une visite que plusieurs amateurs de tire sur la neige ont dû se résoudre à vivre l’an prochain.

La récolte a tout de même été bonne et Mario se console en se disant qu’au moins ils auront une belle réserve pour l’an prochain.

Des érables à sucre. Photo: Roxanne Lormand

Chiffre d’affaires presque nul

Pour Daniel Séguin, de la Sucrerie Séguin Suguarbush à Lavigne, dans le Nord de l’Ontario, l’impact qu’aura le confinement sur ses ventes de sirop est encore difficile à prévoir. Pour l’instant, sauf quelques minimes ventes, son chiffre d’affaires est presque nul puisque les activités à la cabane comme les tours guidés et la tire sur la neige n’ont pas lieu pour cette année.

«Le sirop va se vendre pareil, mais en termes de sirop qui se vend à la cabane à sucre on n’en vend pas, car on n’est pas ouvert au public […] tout le monde qui rentre achète presque tous du sirop à la cabane à sucre, mais là à la place ça va être du sirop qu’on va vendre dans des petits magasins probablement.» Leur marge de profit pourrait donc être moindre.

Jusqu’à présent, la saison est tout de même bonne comme dans l’est de la province. Avec ses 8000 entailles, la Sucrerie Séguin croit que la saison s’annonce pour bien finir. «Comme c’est là, la production est rendue normale, on est autour de 1,15 litre à l’entaille», expliquait Daniel Séguin le 2 avril.

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La qualité du produit préféré des Canadiens est tout de même là, tient à préciser Daniel. «La qualité du sirop cette année a été très bonne. Je tiens à rassurer le public que oui, il y a du sirop sur le marché et il va être disponible. On n’aura pas besoin de traverser la frontière pour se sucrer le bec!»

Des groupes scolaires avaient l’habitude de sortir à la cabane à sucre. Photo d’archives: L’Express

Des répercussions dans la région

Les cabanes commerciales ont vu leurs ventes tomber à zéro et elles ne pourront pas profiter de Pâques avec de nombreuses réservations comme à l’habitude. Les plus petites cabanes ne vendent pas non plus leurs produits, et l’impact se fait ressentir ailleurs aussi.

Pour Mario de la Station 4 saisons, il est trop tôt pour voir si cette crise aura des répercussions sur les autres évènements à venir, comme les mariages de cet été par exemple. Toutefois, des clients l’appellent déjà pour s’informer de possibilités éventuelles.

Le chiffre d’affaires des autres entreprises de la région est également affecté. Par exemple, la Binerie Plantagenet, qui est le principal traiteur de Mario, n’a plus de repas à préparer; la compagnie de ménage n’est plus sollicitée, car ils n’ont pas d’évènement et évidemment leur consommation de propane est diminuée.

«Habituellement le camion de propane est ici aux 7 à 10 jours, mais là on a comme presque pas besoin de propane et le volume est beaucoup réduit puisque la cabane est fermée au public», raconte Mario Perrier.

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«Pas d’activités, pas de revenu, pas besoin de ces services», ajoute-t-il.

Les temps sont durs pour tout le monde et c’est dans ces moments qu’il faudra privilégier le local lorsque la crise sera terminée afin de repartir l’économie de chaque région.

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