Bonne fête du Canada!

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Publié 30/06/2009 par Martin Francoeur

Le Canada aura cent quarante deux ans le 1er juillet. 
Il est presque sesquicentenaire.

Dans ma précédente chronique, j’abordais la question des nombres qui donnent naissance à des noms. J’évoquais notamment les tranches d’âge: trentenaire, quadragénaire, quinquagénaire, sexagénaire, septuagénaire, octogénaire, nonagénaire et centenaire. Je me demandais même si on allait un jour en arriver à employer hendécagénaire et dodécagénaire pour décrire des personnes qui ont respectivement atteint l’âge de 110 et de 120 ans.

Officiellement né en 1867, le Canada aura donc 142 ans. Quand il en aura 150, ça fera de lui un sesquicentenaire. Le terme est peu employé en français, mais on le retrouve plus fréquemment en anglais, dans sa forme «sesquicentennial» pour désigner, notamment, le cent cinquantième anniversaire d’une municipalité ou d’un organisme.

Le mot «sesquicentenaire» est encore boudé par les dictionnaires usuels. Mais on le retrouve dans la presse écrite et dans quelques références électroniques.

Je voulais vous faire part de cette trouvaille, survenue après la rédaction de la précédente chronique.

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Mais alors, revenons-en à l’anniversaire qui sera célébré partout à travers le pays. Il y a fort à parier qu’on retrouvera, au lendemain du 1er juillet, des photos montrant différentes communautés qui souligneront la fête du Canada en offrant un immense gâteau aux invités. Et sur un gâteau d’anniversaire, doit-on mettre des chandelles ou des bougies? Grande question…

Notons, au passage, que fête du Canada s’écrit avec une minuscule à fête et une évidente majuscule à Canada. Les anglophones, adeptes de la majusculite, emploient «Canada Day».

Bougies ou chandelles?

Fermons cette parenthèse et revenons à nos chandelles et à nos bougies. À première vue, il s’agit de synonymes presque parfaits dont l’emploi est assez équilibré. Mais il existe une nuance sémantique que je trouvais fort intéressante, du moins dans son aspect historique.

Le Robert définit «bougie» comme étant un «appareil formé d’une mèche tressée enveloppée de cire ou de stéarine dont la combustion fournit une flamme éclairante». Le mot vient de Bougie, ancien nom de Bejaia, une ville d’Algérie d’où venait la cire servant à fabriquer les bougies.

Pour «chandelle», le dictionnaire mentionne que le mot est d’origine latine (candela) et donne, comme définition: «appareil d’éclairage formé d’une mèche tressée enveloppée de suif». Le suif, de nos jours, ça ne court pas les rues.

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La Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française, dans son chapitre portant sur les nuances sémantiques, nous éclaire – c’est le cas de le dire – davantage. Il est mentionné qu’à l’origine, «la chandelle fumait et était peu chère, puisqu’elle était faite à partir du gras des animaux que l’on tuait pour se nourrir, alors que la bougie brûlait plus proprement et était onéreuse, car il fallait importer la matière première pour la produire».

Pas étonnant, donc, que les riches et le clergé s’éclairaient à la bougie, alors que les pauvres devaient se contenter de la chandelle. Au fil des siècles, de nouveaux matériaux, comme la stéarine et la paraffine, sont apparus et servent toujours à fabriquer les bougies et les rendre plus abordables.

La Banque de dépannage linguistique nous apprend aussi que sur le plan linguistique, les ouvrages de référence européens marquent le nom chandelle comme vieilli, alors que le nom bougie désigne en français standard tout appareil d’éclairage fait d’une mèche tressée entourée de stéarine, de cire, de paraffine, etc., que l’on fait brûler.

Chez nous, contrairement à l’Europe francophone, le mot chandelle est encore bien vivant. On l’emploie comme synonyme de bougie et on le retrouve même dans plusieurs dictionnaires québécois. L’Office québécois de la langue française conclut qu’on ne saurait en déconseiller l’emploi.

S’il est moins utilisé en Europe pour désigner une bougie, le mot chandelle est resté bien présent dans plusieurs expressions encore courantes. Ne dit-on pas, après avoir reçu un coup, que l’on voit trente-six chandelles?

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Pour être romantique, on préférera faire un souper aux chandelles qu’un souper aux bougies. On peut brûler la chandelle par les deux bouts. On peut devoir une fière chandelle à quelqu’un. Il arrive aussi, parfois, que le jeu n’en vaut pas la chandelle. Ou alors qu’un gouvernement réalise des économies de bouts de chandelles… 

Conclusion? Il est tout à fait correct de dire qu’on «souffle les chandelles» ou qu’on «souffle les bougies» sur un gâteau d’anniversaire.

Bon été!

Puisque l’été rime avec vacances, cette chronique fera relâche jusqu’en septembre. Je vous souhaite, à tous, un très bel été. N’hésitez pas à m’écrire, à me poser des questions, à me faire part de vos suggestions. J’aime toujours recevoir vos commentaires. Et ça, même en vacances, ça fait toujours drôlement plaisir!

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

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