Bonne année?

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Publié 22/12/2008 par François Bergeron

2009 ne sera pas une bonne année pour tout le monde. Bien sûr, nous nous souhaitons tous amour, santé, prospérité, etc., mais, en toute lucidité, il convient de se souhaiter courage, patience et sagesse, non seulement pour traverser les épreuves qui nous attendent au cours des prochains mois, mais aussi pour les transformer en expériences salutaires.

Le Canada subira les contrecoups de la récession qui terrassera l’économie américaine malgré l’entrée en fonction de la nouvelle administration dirigée par le président Barack Obama, l’une des personnalités les plus charismatiques – et emblématiques – du nouveau siècle. À elle seule, son élection a déjà commencé à réconcilier les Américains entre eux… et le reste de la planète avec les Américains.

Cet événement historique, porteur de tous les espoirs, devra en concrétiser rapidement quelques-uns: fermer la prison de Guantanamo, quitter l’Irak qu’on aurait jamais dû attaquer et l’Afghanistan qu’on a assez puni, encourager la démocratie en Iran, à Cuba ou en Russie autrement que par les blocus et les menaces. Viendra ensuite le travail de longue haleine: résorber l’endettement monstrueux du gouvernement américain – et des Américains eux-mêmes – alors qu’il faut aussi relancer la production industrielle et l’innovation, généraliser l’assurance maladie, améliorer le système scolaire… tout en évitant la chute du dollar et l’hyperinflation. Tout un contrat!

On se demande s’il ne serait pas plus simple pour Washington de «déclarer faillite et repartir sous un autre nom» comme dirait l’autre, c’est-à-dire annoncer qu’on ne remboursera pas les bons du trésor et les autres obligations (détenues notamment par la Chine et le Japon, mais aussi par plusieurs institutions américaines) totalisant une dizaine de trillions de dollars. Personne, après cela, ne prêtera au gouvernement américain, mais c’est justement ça l’idée: forcer l’administration publique à ne fonctionner qu’avec les revenus des taxes et des impôts. Dans ce scénario radical (peu plausible, admettons-le) comme dans n’importe quel autre, le complexe militaro-industriel impérial, principal bénéficiaire de l’endettement actuel, devrait être la première cible de la restructuration. Quel besoin ont les Américains de patrouiller tous les océans?

Certains seront démoralisés par la crise économique, dont on comprendra toute l’ampleur en 2009. Mais nous pouvons aussi en profiter pour réorienter notre action vers le développement d’une économie «réelle» plus saine, plus respectueuse de l’environnement, plus productive – parce que fondée sur un travail et un commerce utiles – que l’économie factice menée par les opérations financières pyramidales.

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Chez nous, la période des Fêtes est celle de la prorogation du Parlement, une parenthèse politique qui a incité les Libéraux à confirmer tout de suite Michael Ignatieff à la direction de la seule alternative crédible au gouvernement conservateur de Stephen Harper.

Ce dernier est désormais conscient de ses limites. Malheureusement, on dirait qu’il en a oublié ses principes. Ces derniers jours, les Conservateurs ont signalé leur intention de «stimuler» l’économie canadienne en dépensant 30 milliards $ de plus que prévu en 2009 et peut-être aussi en 2010. Comme par hasard, il s’agit là du déficit proposé par la (défunte?) coalition libérale-NPD qui s’apprêtait à prendre le pouvoir au début de décembre.

À quoi sert d’avoir réélu les Conservateurs si c’est pour les voir gouverner comme leurs adversaires? À terme, les Canadiens se diront qu’ils méritent un vrai gouvernement «progressiste», celui de la fameuse «majorité de 62%».

Pour que les Canadiens souhaitent plutôt élire un vrai gouvernement «conservateur», Harper devrait présenter le 27 janvier un budget qui reste équilibré, exempts de dépenses extravagantes, sans bouées de sauvetage lancées aux industries non-performantes et aux banques incompétentes, contenant même des incitatifs à l’épargne plutôt qu’à la consommation, quitte à ce que ce budget soit défait et que son gouvernement soit remplacé par la cabale libérale-néo-démocrate-bloquiste qu’on aura l’occasion d’admirer à l’oeuvre. Les citoyens se prononceront plus définitivement au cours d’élections générales qui surviendront bien assez vite.

Harper peut continuer de chercher à alléger le fardeau fiscal des particuliers et des entreprises puisque le contraire aggraverait la pénurie de liquidités. Sauf que les champions de l’interventionnisme étatique auront besoin plus que jamais de ces revenus. Toutes les dépenses publiques, financées par les taxes et les impôts – a fortiori quand elles sont financées par des emprunts – représentent des sommes qui ne sont pas disponibles aux investisseurs privés. Les emprunts publics massifs participent au resserrement du crédit.

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Or, plusieurs haut-fonctionnaires et politiciens incitent présentement les banques à prêter davantage. Heureusement, ils ne peuvent pas forcer les ménages ou les entreprises à emprunter! Le réflexe primaire des familles et des patrons en temps de crise – sabrer dans leurs dépenses et rembourser leurs dettes – est le bon.

La Réserve fédérale américaine et ses taux d’intérêts proches de zéro sont largement responsables de la surconsommation et de l’endettement des Américains. Quel est donc le remède prescrit récemment par les génies aux commandes de la Fed? Un taux d’escompte encore plus proche de zéro!

Harper avait raison, au cours de la dernière campagne électorale, de dire que le Canada était en meilleure posture que le reste du monde industrialisé. Les dettes de nos gouvernements représentent un plus faible pourcentage du PIB qu’ailleurs. Malgré un certain dérapage ces dernières années, le nombre de mauvais prêts hypothécaires et commerciaux consentis par nos banques reste faible. Aux États-Unis, la prochaine déferlante – après celle des «subprimes» – sera celle des cartes de crédit et des prêts commerciaux que les chômeurs et les entreprises en difficulté ne pourront plus rembourser.

La récession purge les mauvaises dettes du système, afin de le rééquilibrer. Il est préférable de la laisser faire son oeuvre, sans céder à la panique.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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