Comme prévu, le gouvernement libéral de Dalton McGuinty a été réélu le 10 octobre, remportant une pluralité des suffrages (42%) et une majorité de sièges (71) à l’Assemblée législative de l’Ontario, contre 32% et 26 sièges pour le Parti progressiste-conservateur, 17% et 10 sièges pour le Nouveau Parti Démocratique, 8% et aucun siège pour le Parti vert. Seulement 53% des électeurs se sont prévalus de leur droit de vote, soit un peu moins que la dernière fois. 63% d’entre eux ont voté contre le projet de système électoral proportionnel mixte qui leur était soumis par référendum en même temps que les élections.
On l’a dit, dans ces colonnes et partout ailleurs, la campagne a été dominée – écrasée, noyée, hypnotisée, kidnappée, choisissez votre métaphore – par la promesse du chef conservateur John Tory d’inclure et de financer dans le système scolaire public des écoles religieuses juives, musulmanes, hindoues, sikhs, chrétiennes fondamentalistes, au même titre que les écoles catholiques.
Les Libéraux ont jugé, stratégiquement, que cette idée irréfléchie et impopulaire méritait toute l’attention des Ontariens. Cependant, les rares fois où d’autres enjeux ont été soulevés par les médias ou dans les assemblées publiques, les Libéraux ont vigoureusement défendu leur bilan, notamment leur décision de hausser les impôts face à un déficit hérité de l’administration précédente et celle de reporter de quelques années la fermeture des centrales au charbon pour ne pas risquer de manquer d’électricité. Dalton McGuinty a pu faire valoir ici son «leadership», la principale qualité revendiquée par son adversaire!
Les Libéraux ont aussi profité de quatre années relativement calmes et prospères (pas d’épidémie de SRAS, de grèves sauvages ou de crise de l’unité nationale) qui leur ont permis de maintenir un haut niveau de dépenses publiques, rarement remis en question par les Conservateurs et offrant peu de prises aux critiques du NPD.
Chez les Franco-Ontariens, où on venait de célébrer le 20e anniversaire de la Loi sur les services en français, la renaissance de l’AFO, l’indépendance de TFO et la création d’un nouveau poste de commissaire, l’optimisme était de mise et ne justifiait pas non plus le renversement du gouvernement.