L’organisme Africans in Partnership Against AIDS (APAA) a organisé son assemblée générale le 12 décembre 2008 dans la grande salle de réunion de YMCA de la rue Grovesnor. L’événement revêtait une importance pour la communauté africaine qui marquait ainsi les quinze années d’existence d’un organisme sur lequel personne ne pariait le moindre centime quant à sa survie. Le SIDA, associé aux noirs, était resté longtemps le grand tabou! APAA pouvait aussi montrer aux bailleurs de fonds qui lui ont fait confiance que l’organisation respectait ses engagements.
L’anecdote fait partie de la tradition orale: un groupe de Canadiens d’origine africaine sollicitait, en son temps, des fonds pour lancer la sensibilisation sur cette maladie dont personne ne parle! Toutes les portes sont restées hermétiquement closes! Il a fallu attendre la poursuite engagée devant les tribunaux par une Canadienne d’origine européenne, infectée par un canadien d’origine africaine pour appréhender la dimension du problème. Les maigres ressources allouées en 1993 ont enfin permis d’entamer le travail d’utilité publique au sein des communautés africaines.
APAA a toutes les raisons de célébrer et de se dire: «on» nous a entendu, enfin car, selon une des pionnières, Mme Notisha Massaquoi, il était impossible de distribuer la moindre brochure ou d’obtenir un site lors d’Afrofest pour faire parler de «cette» maladie. Le SIDA était la honte et personne ne voulait s’associer au stigmate associé.
Le Président du CA El-Farouk Khaki, avocat, politicien et activiste s’est réjoui de la présence massive des Torontois, car «nos communautés montrent la solidarité face au défi du VIH».
Pour Mme Fanta Ongoiba, directrice d’APAA, du chemin a été parcouru puisque l’organisme dispose de 100 bénévoles, s’occupe de plus de 297 familles (plus de 400 clients), a distribué plus de 16 000 préservatifs et du matériel de sensibilisation. Des nouveaux programmes ont vu le jour, notamment ceux visant les HRSH et les jeunes musulmanes. «Unis, contre le VIH, nous vaincrons» a-t-elle conclu, tout en déplorant la faiblesse des ressources face à l’océan des besoins et en lançant un appel à Santé Canada.
L’AG de la maturité
Cette AG permet d’évaluer le changement dans les attitudes, car il y avait dans la salle beaucoup de monde, toutes orientations sexuelles confondues. APAA a fini par «normaliser» le SIDA dans la communauté, et dessert toutes les communautés africaines; il a développé un partenariat avec tous les organismes desservant ces communautés.