Pour celles qui veulent continuer leur déconditionnement du rôle de Wonder Woman, acquis sans même s’en rendre compte, voici de nouvelles munitions indignes: Les joies de la maternité conçu par Élise Gravel, avec la collaboration de Caroline Allard, alias Mère Indigne. Une vraie belle idée de cadeau pour la fête des mères (poil aux ovaires)!
«Lors de la sélection d’une nourrice, vous devez vous assurer que les mamelons de cette dernière soient beaux, doux, mais pas trop gros.» Voilà le genre de conseils loufoques que l’on retrouve dans le livre de l’illustratrice et auteure Élise Gravel. (Dans ce cas-ci, il s’agit d’une citation des années 1878, présentée dans ses pages intitulées «Mères d’alors»).
Les joies de la maternité sous-titré (poil au nez) offre diverses rubriques présentées dans l’anarchie la plus totale. On y passe du coq à l’âne, d’une BD à une fausse annonce en passant par une reproduction de toile de grand maître avec commentaires anachroniques et irrévérencieux ajoutés par l’auteure.
Les pages «Wonder Maman» résument à merveille les pires articles condescendants et faussement bienveillants des spécialistes ayant capitalisé sur la fragilité des jeunes mères depuis les années 80. «Notre Passion? Vous dire comment.» On y incite les futures mères à «quitter les rangs des pleurnicheuses» en parlant du mythe de la douleur de l’accouchement. On y remarque que la jeune Wonder Maman efficace accueille son mari dans une robe au décolleté plongeant (si pratique pour l’allaitement) tant sa libido est revigorée par les tâches de la maternité. On y apprend comment cuisiner avec bébé. Et surtout, on y découvre comment garantir une longueur d’avance à son foetus et comment élever un charmant surdoué qui fera grincer des dents toutes les autres mères.
L’auteure se défoule dans la rubrique «Paniquons avec Docteur Fears» où elle invente les conseils d’un scientifique qui avise la jeune mère de tous les dangers cachés dans le quotidien anodin. J’y ai appris (mais trop tard, parce que mes enfants sont maintenant des ados) qu’il est dangereux de se servir d’une poussette seconde-main au risque de transmettre à notre enfant les névroses accumulées des enfants et de leur mère ayant utilisé cette poussette, et que parce que j’ai appelé mon bébé «ma puce», elle coure maintenant 0.7% plus de risque de souffrir d’acné précoce.