Il y a du beau, il y a du vrai, il y a du flou et du grand art dans le dernier Jean-Luc Godard, une œuvre cinématographie nouveau genre, qui se veut tout à la fois montage-collage-mixage, avec des coupures, des ruptures dans l’image (cut), du sable, de la peinture, des effets sonores, de la musique et des silences. Un véritable melting pot godardien, qui perturbe, dérange et qui donne à réfléchir sur notre monde. Le tout filmé en 3D, car il faut dorénavant mettre des lunettes pour regarder Godard, et le comprendre!
Dans cet Adieu au langage, prix du Jury à Cannes (ex aequo avec le magnifique Mommy de Xavier Dolan), Jean-Luc Godard semble vouloir rendre un ultime hommage à tout ce qui l’a inspiré et nourri au cours de sa vie, tout en dénonçant ce qui le révolte et l’indigne.
Il y a dans cet essai poético-philosophique un regard sur les dérives de l’homme (la violence, les guerres, le nazisme, la portée du nucléaire, les OGM) mais aussi ses grandeurs (la musique, la philosophie, la littérature, le cinéma, la nature). C’est un film incontestablement différent.
Si Godard fait preuve d’une inventivité remarquable, en expérimentant et en bricolant avec la 3D – sa 3D étant fabriquée à partir d›images saisies sur des téléphones portables et sur une petite caméra Go Pro – la fiction reste très fragmentée.
De résumer Godard: «Le propos est simple… Une femme et un homme se rencontrent, ils s’aiment, les coups pleuvent. La femme est mariée, l’homme est libre… Un chien erre entre ville et campagne, les saisons passent, l’homme et la femme se retrouvent, le chien se trouve entre eux…»
Il est en effet question du couple dans le film de Godard. Un premier qui se dispute non loin d’une «usine à gaz», alors qu’un autre se constitue. On voit l’homme et la femme se déshabiller, discuter, s’aimer, s’affronter dans la chambre autour du lit, dans la salle de bains, ou encore devant la télé…