Adieu au langage de Jean-Luc Godard au TIFF

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Publié 11/11/2014 par Janine Messadié

Il y a du beau, il y a du vrai, il y a du flou et du grand art dans le dernier Jean-Luc Godard, une œuvre cinématographie nouveau genre, qui se veut tout à la fois montage-collage-mixage, avec des coupures, des ruptures dans l’image (cut), du sable, de la peinture, des effets sonores, de la musique et des silences. Un véritable melting pot godardien, qui perturbe, dérange et qui donne à réfléchir sur notre monde. Le tout filmé en 3D, car il faut dorénavant mettre des lunettes pour regarder Godard, et le comprendre!

Dans cet Adieu au langage, prix du Jury à Cannes (ex aequo avec le magnifique Mommy de Xavier Dolan), Jean-Luc Godard semble vouloir rendre un ultime hommage à tout ce qui l’a inspiré et nourri au cours de sa vie, tout en dénonçant ce qui le révolte et l’indigne.

Il y a dans cet essai poético-philosophique un regard sur les dérives de l’homme (la violence, les guerres, le nazisme, la portée du nucléaire, les OGM) mais aussi ses grandeurs (la musique, la philosophie, la littérature, le cinéma, la nature). C’est un film incontestablement différent.

Si Godard fait preuve d’une inventivité remarquable, en expérimentant et en bricolant avec la 3D – sa 3D étant fabriquée à partir d›images saisies sur des téléphones portables et sur une petite caméra Go Pro – la fiction reste très fragmentée.

De résumer Godard: «Le propos est simple… Une femme et un homme se rencontrent, ils s’aiment, les coups pleuvent. La femme est mariée, l’homme est libre… Un chien erre entre ville et campagne, les saisons passent, l’homme et la femme se retrouvent, le chien se trouve entre eux…»

Il est en effet question du couple dans le film de Godard. Un premier qui se dispute non loin d’une «usine à gaz», alors qu’un autre se constitue. On voit l’homme et la femme se déshabiller, discuter, s’aimer, s’affronter dans la chambre autour du lit, dans la salle de bains, ou encore devant la télé…

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Et toujours un chien noir, pas très loin. C’est le personnage principal du film, Roxy Mieville (Miéville est le patronyme d’Anne-Marie, la compagne de JLG), le chien de Godard, son fidèle compagnon, que l’on voit pisser, gémir, dormir, ou gambader en pleine nature. Le film s’achève d’ailleurs sur les aboiements de Roxy, aussitôt suivis de cris de nouveaux nés.

Il y a de l’ironie, de la fureur et de la mélancolie dans les citations du vieux Godard… Même le titre de son film vient nous questionner. Le maître nous dit-il adieu avec cet Adieu au langage? À l’âge de 84 ans, fait-il place au silence pour penser sa propre mort, lui, qui nous lance sur images: «Vous êtes empli du goût de vivre. Je suis là pour vous dire non. Et pour mourir.»

Renseignements

Adieu au langage est présenté au TIFF Bell Lightbox ce vendredi 14 novembre dans le cadre du deuxième et dernier volet de la rétrospective Jean-Luc Godard, qui se poursuit jusqu’au
22 décembre.

www.tiff.net

Auteur

  • Janine Messadié

    Communicatrice d'une grande polyvalence. 30 ans de journalisme et de présence sur les ondes de Radio-Canada et diverses stations privées de radio et de télévision du Québec et de l’Ontario français. Écrit depuis toujours...

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