Il y a des jours où je vous plains, francophones et francophiles qui vivez dans un milieu essentiellement anglophone. Vous avez idée des risques de contamination auxquels vous êtes exposés? Peut-être avez-vous développé les anticorps linguistiques appropriés, mais la qualité de votre français est constamment menacée. À trop baigner dans l’anglais, on en prend parfois les faux plis…
Je fais ce constat parce que j’arrive d’une visite de deux jours sur des bases militaires de Winnipeg et de Colorado Springs. Comme journaliste au Nouvelliste de Trois-Rivières, je faisais partie d’un petit groupe invité à découvrir les installations du Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord, mieux connu sous son acronyme anglais de NORAD.
Plusieurs militaires canadiens nous ont expliqué la mission, le fonctionnement et les enjeux de NORAD. À Winnipeg, où se situe le quartier général de NORAD pour le Canada, nous avons eu droit à des interlocuteurs francophones. Au Colorado, où est installé le centre de contrôle et de commandement pour l’organisation binationale, certains militaires francophones se sont aussi adressés à nous. Bien malgré eux, leur maîtrise du français a subi quelques dommages au fil du temps.
Ces militaires, québécois ou acadiens particulièrement, sont entourés d’anglophones et effectuent l’essentiel de leur travail en anglais. Il est donc normal – ou inévitable – que leur français ait subi quelques faux plis.
Mis à part un vague accent qui leur fait étirer quelques fins de phrases ou qui leur fait mettre un accent tonique au mauvais endroit, on remarque une fâcheuse tendance à utiliser en français des expressions calquées sur l’anglais. Des anglicismes syntaxiques. En grand nombre.