À propos des gentilés

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Publié 04/05/2010 par Martin Francoeur

Si vous lisez mes chroniques depuis quelques années, le titre de celle-ci vous dira quelque chose. En 2002, j’avais signé un petit texte sur les gentilés en limitant ma recherche et quelques explications sommaires à ceux que l’on utilise pour désigner les habitants de certaines villes. Je ne m’étais jamais vraiment intéressé aux noms que l’on donne aux habitants des différents pays du monde. Et j’ai cru que le temps était venu de le faire.

Pourquoi? Parce que j’ai fait des découvertes intéressantes et que, fidèle à mon habitude, je voulais les partager avec vous.

D’abord, qu’est-ce qu’un gentilé? C’est un terme qui sert à désigner les habitants d’un pays, d’une région ou d’une ville. Le mot gentilé lui-même est assez intéressant. Il tire son origine du latin gentile nomen qui signifie littéralement nom des gens. Le mot est apparu discrètement dans la langue française au milieu du dix-huitième siècle, mais est revenu en force il y a quelques années à peine.

Les «iens-iennes»

Bien sûr, nous sommes des Canadiens. Je ne vous apprends rien. Mais je mentionnerai que notre gentilé (Canadien, Canadienne) est formé selon la forme la plus répandue, soit la terminaison en -ien, -ienne.

Nous la partageons avec les Italiens, les Algériens, les Cambodgiens, les Brésiliens, les Ukrainiens et avec des habitants de nombreux autres pays.

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Les gentilés se terminant en -ien, -ienne sont, avec ceux en -ais, -aise, les plus répandus. Parmi ceux en -ais, -aise, on retrouve les Français, les Portugais, les Polonais, les Népalais, les Japonais et les Finlandais, pour ne nommer que ceux-là.

Les «ans/anes»

On trouve aussi quelques gentilés formés avec la terminaison -an, -ane. Ils sont plus rares. On peut penser aux Afghans, aux Kenyans, aux Andorrans, aux Lesothans et aux Birmans. Dans le cas des Birmans et des Birmanes, on a conservé ce gentilé même si la Birmanie s’appelle aujourd’hui le Myanmar. Toujours dans les gentilés en -an, on retrouve aussi quelques habitants de pays océaniens: des Nauruans, des Papouans, des Samoans, des Tuvaluans et des Vanuatuans.

Les «éens-éennes

Quelques pays voient leur gentilé formé par la terminaison -éen, -éenne. C’est le cas du Botswana (Botswanéen), de l’Érythrée (Érythréens), du Ghana (Ghanéens), de la Guinée Bissau (Bissauguinéen), de la Guinée (Guinéen), du Panama (Panaméen), de Sao Tomé et Principe (Santoméen) et du Zimbabwe (Zimbabwéen). Notons qu’on peut aussi bien utiliser le gentilé «Néo-Guinéen» que celui de «Papouans» pour désigner les habitants de la Papouasie – Nouvelle-Guinée.

Les «ois-oises»

Plus rares encore sont les gentilés qui se terminent en -ois, -oise. On retrouve dans cette catégorie les Béninois, les Chinois, les Hongrois, les Suédois, les Zaïrois, les Seychellois, les Liechtensteinois et les Luxembourgeois.

Les «yen-yennes»

Toujours dans les cas rares, on retrouve trois gentilés se terminant par -yen, -yenne. Bien sûr, on reconnaît les Uruguayens et les Paraguayens, dont le nom de pays se termine par un «y», mais on trouve aussi les Nicaraguayens.

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Les «is-ies»

Quatre pays ont un gentilé qui se termine par la lettre «i». Il s’agit de l’Azerbaïdjan, qui est peuplé par les Azéris, du Bahreïn, dont les habitants sont les Bahreïnis, du Qatar et ses Qataris, et du Swaziland, où vivent les Swazis. Au féminin, on ajoute un «e», tout simplement. Deux pays ont un gentilé se terminant par «-in», soit l’Argentine (Argentins) et les Philippines (Philippins).

Les inclassables

Enfin, il y a les inclassables. Les cas d’exception.

Ils habitent l’Allemagne (Allemand, Allemande), l’Ouzbékistan (Ouzbek, Ouzbèke), la Mongolie (Mongol, Mongole), la Lettonie (Letton, Lettonne), le Kirghizistan (Kirghiz, Kirghize), la Turquie (Turc, Turque), le Malawi (Malawite), Chypre (Cypriote ou Chypriote), le Kazakhstan (Kazakh, Kazakhe), le Guatemala (Guatémaltèque), la Grèce (Grec, Grecque), le Turkménistan (Turkmène), la Slovaquie (Slovaque), le Tadjikistan (Tadjik, Tadjike), la Belgique (Belge), la Russie (Russe), la Biélorussie (Biélorusse), la Slovénie (Slovène), Madagascar (Malgache), la Moldavie (Moldave), la Suisse (Suisse, Suissesse), la Croatie (Croate), Monaco (Monégasque) et les Pays-Bas (Néerlandais, Néerlandaise).

Fait intéressant à noter, les anciennes républiques soviétiques dont le nom se termine en «-stan» ont un gentilé qui ne fait pas «-stanais» comme le Pakistan. Ils sont plutôt formés selon le modèle de l’Afghanistan et ses Afghans : les Turkmènes, les Kazakhs ou les Ouzbeks, par exemple.

Il convient de distinguer les Nigérians (Nigéria) et les Nigériens (Niger), tout comme on différencie les Dominicains (de la République dominicaine) des Dominiquais (de la Dominique).

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On portera aussi une attention particulière aux habitants de l’Arabie Saoudite (Saoudiens), des Émirats Arabes Unis (Émiriens), du Bangladesh (Bangladiens), de Tonga (Tonguiens) et de Brunéi (Brunéiens).

Notons aussi que l’on peut désigner les habitants de la Malaisie comme étant des Malais ou des Malaisiens. Au féminin, avouons que Malaisienne est plus joli que Malaise…

Pour finir, je vous donne en mille le gentilé sans doute le plus rigolo. Il s’agit de celui de Saint-Kitts et Nevis, qui n’est nul autre que «Kittitien, Kittitienne». Mais les chances qu’on emploie ce gentilé couramment dans un texte en français sont tellement rares…

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

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