Graham Fraser souhaite multiplier les échanges linguistiques

6e rapport annuel du commissaire aux langues officielles

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Publié 23/10/2012 par Guillaume Garcia

L’échec saute aux yeux, la réussite est invisible. C’est avec ces mots que Graham Fraser résume son sixième rapport annuel, qu’il a présenté le mardi 16 octobre dernier.

En quatre chapitres, le commissaire aux langues officielles du Canada parcourt la dualité linguistique du pays dans son ensemble et touche à l’éducation, à la Capitale nationale, aux entreprises et aux institutions fédérales. Il distribue les bons et mauvais points, tout en gardant à l’esprit que le gouvernement certainement un rôle important à jouer pour inciter à toujours plus de dualité linguistique.

Graham Fraser met l’accent sur l’éducation des jeunes Canadiens et les possibilités d’apprendre la deuxième langue officielle. Alors que 17% des Canadiens se définissent comme bilingue, le commissaire aux langues officielles trouve cette proportion relativement faible et incite le gouvernement à investir dans les programmes d’échanges linguistiques. La première de ses trois recommandations vise le gouvernement Harper à doubler les places en programmes d’échanges linguistiques et favorise l’apprentissage de la langue seconde.

«Il est important que le fédéral appuie tous les jeunes qui désirent perfectionner leur apprentissage du français ou de l’anglais. Permettre à davantage de faire l’expérience de la vie dans une communauté où l’autre langue officielle est parlée couramment constitue une excellente façon de préparer le pays à célébrer son héritage commun en 2017.»

20 000 demandes

8000 jeunes bénéficient des différents programmes canadiens d’échanges scolaires mais près de 20 000 demandes sont reçues.

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Outre le fait que ces jeunes ne puissent pas apprendre la langue seconde dans les meilleures conditions, cela représente aussi une perte pour le Canada à long terme. Plus les Canadiens parlent les deux langues, plus il se sentent appartenir à un même pays, à des valeurs communes.

De plus, les entreprises canadiennes et les institutions fédérales ou provinciales ont besoin de salariés bilingues. Chaque enfant qui ne peut apprendre la langue seconde dans sa jeunesse n’aura peut-être pas l’opportunité de la réapprendre plus vieux. «Les Canadiens doivent avoir le sentiment que les deux langues leur appartiennent, qu’ils les parlent ou non. […] Dans cinq ans, lorsque les Canadiens célébreront le 150e anniversaire de leur pays, ils devraient pouvoir célébrer la dualité linguistique et profiter de sa présence d’un bout à l’autre du pays.»

Ceux qui parlent plus que deux langues vous le diront, il est plus facile d’apprendre une troisième langue, voire une quatrième, quand on a déjà appris une deuxième langue. Au Canada de favoriser l’apprentissage de cette deuxième langue quand on sait que 70% des Canadiens aimerait mieux parler l’autre langue officielle, selon un sondage présenté dans le rapport.

Vivre le bilinguisme

À travers sa première recommandation de doubler le nombre d’échanges linguistiques de courte et longue durée au secondaire et post secondaire, Graham Fraser met en lumière l’idée de «faire l’expérience du bilinguisme».

Il propose aussi de mettre en place un système, au secondaire et post-secondaire, imitant les programmes européens Erasmus et Comenius, qui permettent aux professeurs et élèves de participer à un échange linguistique dans un autre pays, mais à l’échelle du Canada dans une autre province.

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Graham Fraser espère aussi que le fédéral puisse appuyer l’apprentissage de la langue seconde au sein même des établissements scolaires de la langue majoritaire, au secondaire et post-secondaire. C’est sa deuxième recommandation: viser à l’augmentation des programmes donnant aux étudiants la possibilité de suivre certains cours dans leur seconde langue officielle.

Service à la clientèle

Graham Fraser ne distribue pas que des mauvais points dans son rapport. Il félicite plusieurs entreprises de parier sur la dualité linguistique pour renforcer leur présence sur le marché et mieux servir leur clientèle. Au rang des bons élèves, le groupe de télécommunication Rogers et la coopérative de plein air MEC.

Si un employé bilingue coûte plus cher et que la mise en place de services dans la langue minoritaire n’est pas à la portée de toutes les entreprises, Graham Fraser insiste sur les bienfaits du bilinguisme pour les entreprises. Selon une étude citée dans le rapport, un client serait prêt à payer plus cher quand il est servi dans sa langue.

Le commissaire aux langues officielles souhaite aussi que le ministre de l’Industrie crée un mécanisme d’appui pour inciter les entreprises canadiennes à développer leur capacité de fonctionner et d’offrir des services dans les deux langues officielles.

Engagement continu

Au niveau des plaintes, le commissaire en a reçu 643, dont près de la moitié touchent à la région de la capitale nationale. Sur ces 643 plaintes, 518 ont été jugées comme recevables (81%), dont plus de la moitié concerne les communications avec le public. Graham Fraser remarque que la seule suppression du questionnaire long du recensement a suscité 84 plaintes.

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Le commissaire égratigne Air Canada, qui malgré un Plan d’action linguistique, ne semble pas encore avoir pris la mesure de toutes les plaintes que le commissaire reçoit.

Après avoir rencontré de nombreuses institutions fédérales, le commissaire aux langues officielles dresse un constat réaliste. «La réussite n’a rien de fortuit.»

Les institutions qui ont réussi à instaurer une culture forte du respect et de la dualité linguistique ont fait preuve d’un engagement continu. Et Graham fraser de conclure: «Toutes les institutions fédérales devraient redoubler d’ardeur et chercher de nouvelles manières d’augmenter la visibilité de nos deux langues officielles, et, ainsi, de les célébrer.»

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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