Un dresseur de vinyles sauvages

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Publié 16/10/2012 par Guillaume Garcia

La scène électro française a toujours eu la cote en Amérique du Nord. Daft Punk, Air, et plus récemment Justice ont tous fait vibrer les foules à grand coup de rythmes échantillonnés. Toronto a pu redécouvrir mardi soir dernier celui qui était déjà venu, en 2009, présenter son album In The Mood For Life, un manipulateur de vinyle hors pair, le tailleur de cire Wax Tailor.

Pionnier de l’échantillonnage électro-hip-hop, Jean-Christophe Le Saoût aka Wax Tailor a commencé sa carrière comme animateur musical sur la radio de banlieue parisienne Radio Droit de Cité et rencontré les gros noms du moment, Cypress Hill, The Roots ou encore le groupe français NTM.

Des débuts dans le hip-hop

L’animateur lance sa carrière musicale dans le rap français mais il s’y sent rapidement à l’étroit. Commence alors le long travail qui fera de lui, dans les années 2000, un DJ incontournable de la scène électro-hip-hop.

Entre 2005 et 2009, il sort trois albums devenus des classiques du genre, multipliant les apparitions d’autres artistes sur des disques, posant les jalons d’une musique qui se regarde autant qu’elle s’écoute. Tales Of The Forgotten Melodies, Hope & Sorrow et In The Mood For Life sortent respectivement en 2005, 2007 et 2009. Les deux derniers deviendront disques d’or.

En 2012, Wax Tailor revient et frappe un grand coup avec Dusty Rainbow From The Dark, un album qui se découvre comme un conte.

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Toutes les pistes seront composées uniquement d’échantillonnage de vinyle. Aucun instrument n’est enregistré, sauf les voix. C’est à partir des échantillons qu’il crée les mélodies.

Un long cheminement

«L’idée remonte à 2006, mais je ne me sentais pas prêt, c’était trop complexe», dit l’artiste. Pour que cet «album concept» voie le jour, il aura fallu attendre six ans et une tournée en Inde, qui permet à Wax Tailor de prendre du recul et réfléchir à la forme qu’il pourrait donner à l’album.

«Je l’ai construit avec un fil conducteur, une histoire, un récit, une voix qui fait le lien entre tous les morceaux. C’est l’aboutissement de ma façon de scénariser la musique.»

Un vieux spécialiste des voix hors champ, Don Mc Corkindale, s’est donc retrouvé à jouer le fil rouge tout au long de l’album, pour narrer l’histoire, après que Wax Tailor a écouté plus de 300 voix.

Après enregistrement et production, Dusty Rainbow From The Dark se présente comme un album assez psychédélique, qui nous plonge dans l’univers d’un jeune enfant qui se retrouve dans une chambre remplie de vinyles.

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«L’histoire est assez légère quand même», dit Wax Tailor.

Après avoir réalisé l’album, il a fallu se remettre au travail pour garder toutes les textures et composantes du concept, mais en l’adaptant pour la tournée afin d’intégrer les titres des anciens albums.

Les Torontois qui étaient au Lee’s Palace mardi dernier ont pu vérifier le goût du travail bien fait qui caractérise Wax Tailor.

Un concert à écouter et voir

Mêlées au nouvel album, les fans ont pu redécouvrir plusieurs pistes de Tales Of The Forgotten Melodies, Hope & Sorrow et In The Mood For Life, dont Fireflies ou encore le célèbre morceau Seize The Day, qu’on a découvert dans le film Paris, de Cédric Klapisch.

Pendant une bonne heure et demie de concert, le public a pu se déhancher au son surprenant et complexe de Wax Tailor, mais aussi regarder le grand écran déployé en arrière du groupe.

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Pendant toute la durée du show, des dessins animés défilant à la manière d’un conte racontent l’histoire de Dusty Rainbow From The Dark. On suit le personnage du petit enfant qui découvre sa chambre, avec la pièce Exordium, puis l’action se poursuit tout au long du show.

Contrairement aux shows «médiatiques», le spectacle de Wax Tailor n’est pas improvisé au niveau de la vidéo.

Tout est calé à l’avance, il appuie sur lecture pour le visuel et si les musiciens se ratent… il ne faut pas se rater! Et on peut parler de défi puisqu’une violoniste-bassiste, un violoncelliste, une flûtiste, un guitariste et deux chanteurs et le DJ lui-même se partagent la scène.

Chaque intervention doit compléter la précédente et s’ancrer dans la rythmique de la piste sans briser la dynamique pour un exercice qui peut ressembler à marcher sur des œufs avec du gros son dans le casque et une envie de sauter partout.

Toronto faisait partie d’une tournée nord-américaine pour Wax Tailor, qui aura également visité Montréal, New York, Miami ou encore Los Angeles.

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À noter qu’on a pu vérifier mardi dernier que la communauté française de 35 ans vivant à Toronto est en pleine expansion!

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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