Les Français de Toronto rencontrent leur députée

Venue prendre la température dans sa nouvelle circonscription électorale, la députée des Français de l’étranger Corinne Narassiguin était en visite à Toronto jeudi soir dernier. Elle a répondu aux questions de ces concitoyens qui se sont montrés très curieux sur le fonctionnement exact de l’Assemblée nationale française et sur le rôle qu’avaient à jouer les députés des Français de l’étranger.

Pour sa première tournée officielle depuis son élection le 17 juin dernier, Corinne Narassiguin, la députée socialiste de la première circonscription des Français de l’étranger, qui s’étend sur toute l’Amérique du Nord, a choisi de rendre visite à ses concitoyens de la côte Est. Elle s’est également arrêtée saluer les ambassadeurs de France au Canada et aux États-Unis.

Durant cette tournée, elle a également tenu des permanences, qui pourront se poursuivre de manière virtuelle une fois qu’elle sera rentrée à Paris.

D’ailleurs, la députée n’a pas chômé depuis son élection. Présidente et rapporteur de la mission d’information sur la transparence dans la gouvernance des grandes entreprises, elle siège aussi à la Commission des lois et à l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (délégation interparlementaire composée de députés et de sénateurs et chargée d’éclairer l’action du Parlement en matière scientifique et technologique).

«La mission d’information consiste essentiellement à auditer des experts et les acteurs concernés. Le but est de produire des analyses suffisamment concrètes pour qu’elles deviennent des propositions de lois.»

Choc culturel

Après avoir passé une bonne partie de sa vie à New York, Corinne Narassiguin ne cache pas certaines différences de mentalités entre la France et l’Amérique du Nord.

Elle explique avoir eu du mal à comprendre l’intérêt des sessions nocturnes de l’Assemblée nationale, ou, de fait, très peu de députés sont présents.

Elle a également dû subir un dur retour à la réalité lorsque, siègeant à l’Assemblée, elle a assisté au ballet de députés hommes sifflant Cécile Duflot du fait qu’elle était habillée d’une robe. «On a été très choqué. Les mentalités évoluent, mais il reste encore beaucoup trop d’archaïsme. Sur les questions d’égalité homme-femme, ou de l’homophobie.»

Habituée au pragmatisme nord-américain, Corinne Narassiguin doit également composer avec l’immobilisme français si caractéristique. Toutefois elle relativise cet immobilisme. «On a un groupe de députés très renouvelés. Il y a une grande ouverture d’esprit. Après, sur certaines questions, j’ai vraiment l’impression qu’on est très avancé en Amérique du Nord!»

Mariage gai

La jeune députée travaille actuellement sur le «mariage pour tous», qui est encore tabou en France. «Sur ces sujets, je peux montrer l’expérience nord-américaine. Cela touche des Français qui habitent ici, qui sont mariés, mais qui ne voient pas leur situation reconnue en France.»

Dynamique, venant du monde de l’entreprise, contrairement à une majorité de ses collègues, Corinne Narassiguin, détonne dans l’univers parlementaire français, mais elle a tenu tout de suite à montrer ses qualités et ce qu’elle pouvait apporter aux Français.

Plusieurs dossiers qui pourraient intéresser les Français de l’étranger seront sur la table à moyen terme, comme la réforme du financement des écoles françaises à l’étranger, tant au niveau des bourses que du fonctionnement interne.

Corinne Narassiguin promet aussi de faire évoluer le dossier de la reconnaissance des diplômes. «C’est une chose sur laquelle je veux absolument travailler. Des choses existent, mais il faut aller plus loin, travailler avec les provinces (pour le Canada, ndlr) et sortir du Québec.»