Décès de Fernand Boulanger, proprio de l’Auberge Maple

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Publié 29/08/2006 par Paul Ceurstemont

Cet été, la communauté francophone a déploré le départ de Fernand Boulanger qui nous a quittés courageusement le samedi, 17 juin dernier après une longue et douloureuse maladie.

Pour ses amis et proches, Fernand était un véritable pilier de la vie française à Toronto. Il nous a endeuillés et on se sent tous un peu orphelin. Il était un de ces vieux chênes qu’on abat et qui laissent un trou béant dans la forêt.

Grâce à ses multiples talents et occupations, Fernand était solidement ancré dans la communauté. Résistant durant la guerre, il faisait passer des Juifs du Jura français vers la Suisse. Après la guerre, Fernand fut mobilisé au Maroc où il s’occupa aussi du transport des marchandises et de la vente des voitures Simca. Après, il s’est embarqué pour l’aventure canadienne pour le restant de sa vie.

Pendant une dizaine d’années, Fernand était propriétaire de l’Auberge Maple, au nord de Toronto. C’était un véritable temple de la gastronomie, lieu de rencontre des grands gourmets. Ces dernières années on voyait souvent Fernand à l’occasion des grandes cérémonies: fêtes, réceptions et dégustations, avec le traiteur Daniel et Daniel.

Sur son aventure de guerre, Fernand était intarissable même si les souvenirs étaient souvent douloureux. Ils les avait évoqués longuement devant le cercle Francoscope. Le rappel de cet épisode le remuait tellement au point de ne pouvoir dormir pendant plusieurs jours. Pour les amis, il n’avait pas hésité à partager ces jours où il vivait constamment sur le fil du rasoir. C’est là où il avait découvert le meilleur et le pire, la noblesse et la lâcheté.

De son expérience de passeur, une anecdote savoureuse est restée. Il faisait passer un Juif vers la Suisse par une piste secrète. Dans l’incertitude et la peur de ce «no man’s land, l’apparition d’un homme en uniforme les effraya. Le fugitif hébreux, dans un mouvement de panique, lança sa mallette avec toutes les possessions dans la nature. Les bijoux et les billets de banque étaient éparpillés. Il s’agissait d’un garde-frontière suisse. Ils étaient sauvés.

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Environ 200 Juifs ont eu la vie sauve grâce à Fernand. Israël le compte parmi les Justes. En souvenir de son travail de libérateur, 5 arbres poussent dans l’État hébreux. Fernand a été emprisonné à deux reprises en 1943 et a échappé de justesse à la déportation. Ses parents ont été pris comme otages. Il a été dénoncé par les collaborateurs. Jamais l’argent n’est intervenu dans son héroïsme.

L’Association des Anciens Combattants français de l’Ontario se joint à la douleur de la famille et reconnaît son mérite et son dévouement.

Nous rendons hommage à ce grand Français qui a toujours fait preuve d’humanisme dans les grandes épreuves. Il était courageux dans l’adversité et face à la mort. En temps de paix, il a généreusement servi la francophonie, toujours le coeur sur les mains. Il était fier d’être Français et de répandre son art culinaire. On se souviendra toujours de son grand sourire et de sa camaraderie indéfectible et -complice.

Ses nombreux amis, ses collègues et sa famille ne l’oublieront jamais. Nous avons tous apprécié sa chaleur et sa bonne humeur. Fernand, tu as si bien représenté la France profonde par ta joie de vivre, par ton sens de partage et par ton optimisme contagieux.

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