Le Brésil goûte au Hip Hop

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Publié 08/05/2012 par Guillaume Garcia

Né dans la rue, le mouvement hip-hop s’exporte aujourd’hui largement hors du bitume et des pavés. Les chorégraphes de danse contemporaine voire même de ballets classiques empruntent régulièrement des aspects de cette danse. De leur côté, les acteurs du hip-hop construisent des ponts vers le théâtre et les spectacles de danse plus traditionnels, comme la compagnie française Käfig de Mourad Merzouki.

D’abord attiré par l’univers du cirque, Mourad Merzouki découvre son amour pour le spectacle en pratiquant à la fois les arts martiaux et ceux du cirque.

Il grandit en banlieue lyonnaise et se fait happer par le hip-hop lors de son explosion en France dans les années 90.

À ce moment, le hip-hop est considéré comme un mouvement de jeunes, «underground» et fortement ancré dans la rue. Les puristes défendent encore corps et âme cette idée. De son côté, Mourad Merzouki décide d’emblée de mêler cet art à ce qu’il connaît déjà, le cirque et les arts martiaux. En 1996, il fonde sa propre compagnie Käfig, une compagnie hip-hop.

«Le cirque m’a donné envie de faire du hip-hop d’une autre manière», explique-t-il.

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La transition de la rue aux planches d’un théâtre ne se fait pas sans concessions et Mourad en est conscient. Il préfère tout de même aller dans ce sens, en perdant en «pureté», mais en gagnant l’évolution de la danse.»

«Quand tu danses dans la rue, tu es spontané. Tu danses pour les gens qui passent. Tu ne peux pas faire ce que tu fais dans la rue sur une scène. Les gens tiendraient un quart d’heure. Il faut un propos à raconter pour tenir le public. De l’autre côté, ce n’est pas parce qu’on est sur scène qu’on oublie la rue.»

La rue reste un élément présent dans l’histoire du spectacle Agwa-Corriera que la troupe Käfig présentait la semaine dernière au Fleck Dance Theatre. d’Harbourfront. En 2008, lors de la Biennale de danse de Lyon, Mourad est invité à rencontrer la troupe Urbana de danca du Brésil et découvre une pépinière de jeunes talents qui ont appris la danse dans la rue, mixant samba, capoeira et hip-hop. «Cela m’a tout de suite inspiré. Je ne voulais pas faire une carte postale du Brésil et je souhaitais emmener les danseurs ailleurs. J’ai pris deux thèmes universels que sont l’eau et la course pour faire les deux parties du spectacle.»

Mourad Merzouki avait ici affaire à des danseurs professionnels qui connaissent bien leur métier, mais il concède que parfois, faire entrer le hip-hop dans un théâtre peut entraîner quelques confusions, même si la professionnalisation du mouvement tend à gommer cela.

«Les danseurs de la rue n’ont pas les codes de la danse. Il faut comprendre que c’est ton boulot, avec un contrat de travail que tu dois accepter, tout comme tes conditions de travail. Il y a vingt ans c’était complètement rejeté par les puristes et je les comprenais. Mais si on en était resté là, le hip-hop n’aurait pas avancé.»

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Mourad Merzouki a par ailleurs largement participé à la réussite de la danse hip-hop à Lyon où il a imaginé et conçu le Pôle Pik à Bron, dans la banlieue lyonnaise, pour le développement et la chorégraphie de la danse hip-hop. Depuis 2009, il dirige le Centre chorégraphique national de Créteil et du Val de Marne. En 15 ans il a créé 17 spectacles dont cinq sont actuellement en tournée.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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